« Qui sait d’où il vient, saura où aller, demain », devant le « Musée de la Vie wallonne »                                                                     ⓒ « adages.wallons.be »

« J’essaye, depuis toujours, de mettre le wallon en exergue. Je voulais inscrire le wallon en lettres d’or sur nos trottoirs. » (Paul-­Henri Thomsin).

         

La « Cité ardente »déjà réputée par sa « Walk of Fame » (« Promenade des Célébrités ») – sise rue Pont d’Avroy (arrêt du tram éponyme, le tram venant de la gare ferroviaire des Guillemins ou de la place Saint-Lambert), avec ses dalles à leurs noms, placées en hommage aux actrices et acteurs de cinéma ayant été accueilli.e.s à Liège, dans le cadre du « FIFCL » (« Festival International du Film de Comédie de Liège » – nous propose, désormais, en douze lieux emblématiques de la Ville de Liège, ses  dalles, avec des phrases écrites en wallon liégeoisrédigées par l’écrivain liégeois Paul-­Henri Thomsin  (°Liège/1948).

          A nouveau réunis, Thierry Hosay & Paul-­Henri Thomsin, les 2 adjoints au maire                                                           du « Village de Noël »    ⓒ « adages.wallons.be »

La concrétisation de son projet a été assurée par l’asbl « Liège Demain », ces douze dalles étant accompagnées, grâce à l’ « Office du Tourisme de Liège », d’un livret ou via nos smartphones, … de manière à entendre ces phrases wallonnes et leurs traductions.

Jozia Gozdz

L’artiste belge, d’origine russo-polonaise, Jozia Gozdz ⓒ Ph. : « Ardenneweb »

Sculptées par l’artiste belge, d’origine russo-polonaise, Jozia Gozdz (°Liège/1950), ces dalles en pierre bleue – provenant de la carrière de Sprimont – ont été officiellement inaugurée le jeudi 26 juin, par  l’échevin de la Culture de la Ville de Liège, ayant particulièrement défendu ce projetFabrice Drezeen présence  de Roland Léonardéchevin des travaux ; de Benjamin Hurardéchevin de l’état civil ; d’Alain Larocheprésident des « Amitiés françaises de Liège » ;  d’Alain Mager, président de « Liège Demain »de Jacques Lilien, past-directeur de « GREOVA » (« Groupement Régional Économique Ourthe-Vesdre-Amblève ») ; de Guy Lemaire, créateur, pour la « RTBF », de l’émission « Télétourisme » de Pierre  Luthers, directeur de l’asbl « Enjeu », organisatrice des « Villages de Noël » & « Gaulois », ainsi que des  « Epicuriales » ; de Jozia Gozdz, sculptrice ; et de Paul-­Henri Thomsin, écrivain en wallon liégeois.

Ce dernier, à l’initiative de ce beau projet patrimonial, confia à notre collègue Bénédicte Alié, pour la     « RTBF » :  » Je suis un instituteur à la retraite et depuis 50 ans j’écris en wallon. J’essaie de remettre le wallon dans le quotidien des Liégeoises et des Liégeois, de le diffuser partout où c’est possible. C’est une passion, une obsession aussi un peu. Ce projet de dalles, vieux de vingt ans, a fini par ressortir des tiroirs grâce à l’asbl ‘Liège Demain’. Et donc, j’ai, en effet, rédigé ces phrases, ces adages en fonction des endroits où les dalles ont être placées, des lieux emblématiques ayant été choisis. »

            Inauguration de la Dalle du « Perron » (en bas, à droite) ⓒ « adages.wallons.be »

Ainsi, une dalle en wallon a été placée sur le trottoir, au coin de la rue de la Violette, à l’ombre de l’Hôtel de Ville, à quelques mètres du « Perron »sis sur la place du Marchéproche de la place Saint-Lambert, ce célèbre monument-fontaine, symbole de la Ville de Liège – récemment restauré, représentant les  libertés liégeoises – ayant été édifié, tel que nous le découvrons au XXIè siècle, en 1305, une autre fontaine l’ayant précédé, dès 942. Texte gravé dans la  dalle proche du Perron « C’ èst por twè, Lîbèrté, qui Lîdje s’a rècrèsté » (« C’est pour toi, Liberté, que Liège a relevé la Crête »).

                     « C’est pour toi, Liberté, que Liège a relevé la Crête », près du « Perron »                                                                                        ⓒ « adages.wallons.be »

Autre adage : « Li seûre mène dès hôts bonèts dès p’titès djins fêt l’houp’diguèt » (« La mine renfrognée des dignitaires fait la joie des petites gens »), les  « dignitaires » étant les Princes Evêques. Aussi cette dalle est placée au pied de l’église Saint-Barthélemy, sur la place éponyme, à proximité de la sculpture, en acier corten, « Les Principautaires » (1992), créée par Mady Andrien Engis/1941), représentant des « dignitaires », porteurs de hauts bonnets, et le « petit peuple » dansant à leurs piedsce qui justifie l’adage choisi.

Si notre présence sur cette place peut nous inciter à visiter – traversant, avec précaution, les rails du tram – le « Grand Curtius »le plus important musée liégeois, réputé, notamment, pour ses collections d’art verrier et d’armesil est un autre lieu important, à Liège, le Palais des Princes Evêquesconstruit au XVIè siècle, à l’initiative du cardinal Erard de la Marck {1472 -1538}, actuel Palais de Justiceoù nous trouvons, devant son entrée principale et l’accès à la cour du Palais, une autre dalle, porteuse de ce texte : « Dès pîres di dintèle lî font l’ coûr pus bèle » (« Des pierres en dentelle lui font la cour plus belle »).

A noter que Paul-­Henri Thomsin est le traducteur, pour les Ed. « Noir Dessin Production », de différentes bandes  dessinées (d’ « Astérix »de « Gaston » & des « Schtroumpfs »éditées en wallon de Liège, et l’auteur de deux tomes de ses  « Liégeoiseries » (également reprises dans l’émission « Viva    Cité »  de la « RTBF »), qui, selon ses dires : « sont à notre langue ce que les viennoiseries sont à notre palais, une invitation à découvrir les mille richesses goûteuses de la langue wallonne, à travers notre bilinguisme spontané »chaque tome nous proposant plus de 300 expressions  liégeoises, rédigées en  wallon de Liège et en françaisContacts : noirdessin@gmail.com & 04/365.37.39. Site web :            http:// www.noirdessinlaboutique.be.

liegeoiserie new et bonne cover

                    « Liégoiseries » ⓒ Paul-Henri Thomsin/Ed. « Noir Dessin Production »

Sur le « Village de Noël » de Liège, en 2024, membre du « Conseil villageois »il distribuait son « Petit Vingtième » (non pas cet hebdomadaire qui publia les premières aventures de « Tintin »), mais bien un  « petit tchinis », à savoir un 20è « petit livret », intitulé : « Li Walonavå lès vôyes XX »  (édité par la  Province de Liège/16 pages/4 x 6 cm/édité en  collaboration avec la  « Fédération culturelle wallonne de la Province de Liège »).

Lauréat de plusieurs Prix, dont le « Prix biennal de Littérature wallonne », décerné par la Province de Liège, ce « passeur de langue » (comme il aime se définir lui-mêmeest, aussi, un membre fondateur de l’asbl « Promotion de la langue wallonne » (qui a parrainer 2 dalles), ayant été le vice-président du conseil d’administration de la Fédération culturelle wallonne de la Province de Liège, ainsi que chroniqueur wallon pour la rubrique « Ava lès vôyes » de l’hebdomadaire « Vlan ».

Comme l’écrit Paul-­Henri Thomsin : « L’aphorisme en wallon doit interpeller. Il utilise des mots simples et montre que le wallon peut être « actuel », sans dénigrer la possibilité d’une forme littéraire. Chaque  dalle, placée à un endroit stratégique, évoque l’environnement proche, éveillant la curiosité des personnes qui, au-delà de la lecture du wallon, pourront être questionnées par l’un ou l’autre mot. Elle évoquera le site, sans en dévoiler la richesse. Elle invitera donc à une compréhension plus affinée de la langue wallonne et à une découverte plus précise des lieux évoqués, via les informations historiques. »

S’adressant directement aux Liégeoislors de la cérémonie inaugurale du jeudi 26 juin, il leur dit :  « Entre ‘nostalgie’ et ‘utopie’, je m’obstine à raviver la flamme de ce trésor de notre patrimoine qu’est la langue wallonne. Conscient de notre bilinguisme naturel, je suis convaincu que ce parler remarquable ne jaillira plus jamais sur nos lèvres, comme au temps de sa splendeur. Puis, à la recherche de ‘stratégies’, pour mettre en exergue ses fabuleuses richesses, j’ai imaginé qu’il pourrait ‘refleurir’ sur nos ‘pavêyes’. Et si … Si, au moment où ses ardeurs s’étiolent, nous le gravions dans la pierre ? Si nous l’installions, aux endroits les plus emblématiques du cœur de la Cité ?… Si nous lui donnions une forme d’éternité, en l’inscrivant dans notre sol, à tout jamais ? »

« Aujourd’hui, le wallon est serti dans l’écrin des trottoirs de notre bonne Ville.
Aujourd’hui, le wallon a retrouvé un peu d’éternité, dans notre quotidien.
Aujourd’hui, Liégeoises et Liégeois peuvent revivre leur langue originelle.
Aujourd’hui, Liège a retrouvé un peu de sa jeunesse ! »

*** Les douze lieux (avec précision des endroits précis où trouver les dalles) :

  • Halle aux Viandes (entrée de la halle sise face au parking).
  • Pont des Arches (au niveau de la plaque mentionnant le pont de la Victoire).
  • Place Saint-Denis (au niveau de la fontaine).
  • Cathédrale Saint-Paul (face à l’entrée, au coin de la rue Tournant Saint-Paul).
  • Vierge del Cour (à l’extrémité des pavés gris, devant « Polux »).
  • Place de l’Opéra (devant la sculpture dédiée au musicien André Grétry).
  • Place Saint-Lambert (au coin du « Point Chaud« ).
  • Palais des Princes-Evèques (devant l’entrée principale).
  • Perron (sur le trottoir, au coin de la rue de la Violette, à l’ombre de l’Hôtel de Ville).
  • Musée de la Vie wallonne (devant l’entrée du musée, côté cour des Mineurs).
  • Montagne Bueren (au bas des 374 marches de l’escalier).
  • Les Principautaires (entre la sculpture & la fontaine de la place Saint-Barthélemy).

Abritant, depuis 2016, l’ « Office du Tourisme », la « Halle aux Viandes », édifiée en 1546, est le point de départ conseillé pour découvrir ces douze plaques, Fabrice Dreze, l’échevin de la Culture, à l’occasion de leur inaugurationayant déclaré, au sujet de cette « Halle aux Viandes » : « C’est un lieu prestigieux que je souhaite faire vivre à travers diverses actions ».

Des dalles en wallon au centre-ville de Liège

                            La plaque de la « Halle aux Viandes » ⓒ « adages.wallons.be »

Nous découvrons ainsi une première dalle, dont voici le texte : « Èl hale, pus nou mangon ni v’ f’rè      glèter l’minton » (« Dans la halle, plus aucun boucher ne vous mettra l’eau à la bouche »).

Outre l’attrait de ses musées, de flâneries en bord de Meuse ou dans le parc de la Boverie, de ses festivals et autres événements, la découverte de ces dalles nous offre une nouvelle raison de nous rendre dans la  « Cité ardente ».

… Et avec Paul-Henri Thomsin, reprenons les mots de Théophile Bovy (1863-1937), dans son « Chant des Wallons » (1900) : « Vola pocwè qu’on-z-est fir d’esse Walon ! » (« Voilà pourquoi on est fiers d’être Wallons ! »).

Site web : http://www.adages.wallons.be (l’historique des 12 lieux choisis, que vous trouvez sur le plan, y est décrit). Office de Tourisme : 04/221.92.21 &  info@visitezliege.be.

Yves Calbert.