Au « Palais des Beaux-Arts », à Lille : « Fêtes et Célébrations flamandes, Brueghel, Rubens, Jordaens, … »

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Le parcours, d’une richesse exceptionnellerassemble plus d’une centaine de pièces : dessins, gravures, peintures, armescéramiquesinstruments de musique, têtes de géants,…), provenant majoritairement d’institutions belges et françaises, parmi lesquelles les « Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique » (« MRBAB ») et le « Musée du Louvre », les trois commissaires étant Juliette Singerdirectrice du « Palais des Beaux-Arts de Lille » et du  « Musée de l’Hospice Comtesse » ; Blaise Ducosconservateur en chef, responsable des peintures flamandes & hollandaises, au « Musée du Louvre » ; ainsi que Sabine van Sprang, conservatrice de la peinture flamande, 1550-1650, aux« MRBAB ».

Cette dernière institution bruxelloise et différents musées anversois sont ainsi mis à l’honneur à Lillegrâce à cette expoqui a reçu, du Ministère français de la Culture, le label « Exposition d’Intérêt national », un label qui distingue les expositions d’envergure favorisant la diffusion de la connaissance  et l’accès à la culture, pour toutes et tous. Il souligne un projet ambitieux, fondé sur des collaborations nationales et européennes, et profondément ancré dans l’histoire et les patrimoines des Flandres.

Fêtes et Célébrations Flamandes : Brueghel, Rubens, Jordaens...

« Danse de la Mariée » (Pieter Bruegel le Jeune/1610) © « MRBAB »/Bruxelles

En préface du hors-série de la revue « Connaissance des Arts »Juliette Singer écrit : « Il n’est que d’évoquer les ‘Fêtes flamandes’ pour voir surgir dans nos imaginaires des cortèges d’images pittoresques mêlant bambochades, repas pantagruéliques, cornemuses & danses entraînantes : autant de scènes truculentes, pimentées çà & là de gaillardises, cachées dans des tableaux débordant de vie. »

« Ces fêtes sont l’incarnation d’un état d’esprit, d’une philosophie de vie, qui est encore, aujourd’hui, vivace dans tout le bassin des anciens Pays-Bas (qui incluaient la Belgique & le Nord  de la France/ndlr), où se pratiquent toujours les kermesses, les ducasses et les sorties de géants. Elles renvoient à un patrimoine immatériel et à un mode de vie bien particulier, marqueur de l’identité de ce territoire, nourrie de valeurs précieuses, telle que le sens du collectif. »

Cette exposition nous est proposée en 4 sections : « Guerre & Fête »« Fêtes & Cérémonies urbaines »« Kermesses, Noces & Fêtes villageoises », ainsi que « Fêtes de Cour, Fêtes de Rois ».

Les Mendiants est un tableau peint par Pieter Brueghel l'Ancien en 1568

« Les Mendiants » ou « Les Culs-de-Jates » (Pieter Bruegel l’Ancien/1568)                                    © « Musée du Louvre »/Paris

A dix mètres de l’entrée, la première oeuvre exposée, éblouissante dans son expression plastique, le jeu des béquilles imprimant un rythme dynamique à la composition, est une petite huile sur bois de Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525-1569), « Les Mendiants » ou « Les Culs-de-Jates » (1568), prêtée par le « Musée du Louvre ».

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« L’Arbre de Mai » (P. Bruegel le Jeune/vers 1620-1630)                                                                         © « Musée d’Art & d’Histoire »/Genève

Notre collègue Jean-François Lasnier écrit : « L’image d’âge d’or économique et culturel dans les anciens Pays-Bas, aux XVIe & XVIIe siècles est trompeuse. Derrière l’opulence se cache une  longue guerre opposant les Provinces-Unies à l’autorité espagnole des Habsbourg, qui se teinte de déchirements religieux et sème la désolation. La fête relève alors de la survie. »

Grâce à une centaine d’oeuvres, revivons ces fêtes de l’arbre de mai à l’ « Ommegang », en passant par des bals princiers, des cérémonies religieuses, des concours de tir aux oiseauxdes kermessesdes noces, sans oublier des « Joyeuses Entrées de souverains ou de gouverneurs.

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A gauche, une arbalète de confrérie © Collection Jan Soetaert © Ph. : « Agora Vox »

Parmi les objets exposés, une arbalète, en acier, bois & laiton, d’une confrérie du Nord de la France, prêté par un collectionneur privé, Jan Soetaert. Elle était utilisée lors des concours de tir aux oiseaux, un de ces oiseaux métalliques étant exposé à la gauche de cette arbalète.

La tête du géant Druon Antigone, datant du 16e siècle, est exposée à Lille (Nord) jusqu'au 1er septembre 2025.

Géant « Druon Antigone » © « Museum aan de Stroom »/Antwerpen © Ph. : Amandine Vachez

Soulignons la présence de deux têtes de géantsen papier mâché, bois, métal & cheveux, d »une hauteur d’1m84, celles de Pallas Athena (1765-1766), d’après Daniel Herreyns (?-1809) et de  Druon Antigone (1534-1535), d’après Pieter Coecke van Aelst (1502-1550), un géant que nous retrouvons dans l’huile sur toile « Fête traditionnelle à Anvers avec le Géant Druon Antigon »  (1697), du peintre anversois Alexander van Bredael (1663-1720).

« Fête traditionnelle à Anvers avec le Géant Druon Antigon » (détail/Alexander van Bredael/1697) © « Musée de l’Hospice Comtesse »/Lille

D’Alexander van Bredael, nous découvrons, aussi, son autre huile sur toile « Fête à Anvers sur la place de l’Hôtel de Ville » (1697), avec la présence d’un joueur de cornemuse, un type de musicien que nous retrouvons dans plusieurs toiles, attestant de la popularité cet instrument à cette époque, une cornemuse contemporaine, copie fidèle d’un instrument du XVIIè siècle étant exposée dans cette même dernière salle.

« Fête à Anvers sur la Place de l’Hôtel de Ville » (détail/Alexander van Bredael/1697)           © « Musée de l’Hospice Comtesse »/Lille

Notons, aussi, la présence d’un objet particulier, en verre, argent & or. Il s’agit d’un « Gobelet à Surprise », de cette même époque, créé, avec une grande finesse, par un artiste anonyme, le souffle d’une personne, dans un tuyau sortant d’un petit moulin à vent, pouvant faire tourner ses ailes, trois petits personnages, la meunière, son mari et un soldat espagnol, étant représentés sur l’escalier du moulin.

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« Gobelet à Surprise » (artiste anonyme) © « Musée de l’Hospice Comtesse »/Lille                 © Ph. : « Agora Vox »

La légende de Druon Antigone, pourrait être à l’origine du nom d’Anvers, en néerlandais :  « Antwerpen », ou « hand » (main) & « werpen » (jeter), « Hand werpen » étant devenu               « Antwerpen », un soldat, Silvius Brabo, ayant coupé une « main » de Druon Antigone, avant de la « jeter » dans l’Escaut, le fleuve coulant dans cette importante ville portuaire.

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« Le Roi boit » (Jacques Jordaens/1640) © « MRBAB »

Si ceci nous est révélé en découvrant cette impressionnante tête de géant, dans la dernière salle, ayant admiré l’huile sur toile « Le Roi boit » (1640), du peintre anversois Jacques Jordaens (1593-1678), il nous est révélé qu’à la gauche de l’oeuvre, dans le bas, la tête d’un homme vomissant serait un autoportrait de l’artiste « himself ».

Au moment de quitter, avec regrets, ces « Fêtes et Célébrations flamandes, Brueghel, Rubens, Jordaens, … »une huile sur bois, « Nature morte aux Crêpes, Gaufres et Cougnole »attribuée à Hans Francken (1581-1624) nous met en appétit, de même qu’un dernier élément d’une  scénographie particulièrement bien réussie : une authentique table, montée comme elle devait l’être du XVIIe siècle.

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Dernier élément d’une scénographie réussie © « Palais des Beaux-Arts »/Lille                        © Ph. : « Agora Vox »

Hier comme aujourd’hui, les fêtes répondent à deux impératifs : constituer un moment de sociabilité, visant à créer et à entretenir un sentiment d’appartenance à une communauté, et une manifestation de réjouissances. C’est à travers le prisme du divertissement collectif que la présente exposition lilloise se propose d’explorer les « Fêtes flamandes » aux XVIè et XVIIè siècles.

Comme l’écrit Armelle Fémelat, historienne de l’art : « Fêtes calendairescélébrations &  processions scandent la vie citadine. Très protocolaires, elles laissent néanmoins une place au divertissement et à la spontanéité. Dans les cortèges, les  créatures mythiques le disputent aux  commémorations religieuses, le burlesque se mêlant à la pompe. »

Derniers jours d’ouverture : ce dimanche 31 août, de 10h à 18h, ce lundi 01 septembre, de 14h à 18h. Prix d’entrée  8€ (5€, en tarif réduit). Prix combiné avec les Collections permanentes : 10€ (7€, en tarif réduit). Prix par membre d’un groupe (dès 10 personnes, sur réservation) : 5€  (7€, en prix combiné). Infos &  Réservations obligatoires pour les groupes : 00.33.3/73.95.48    & relations.publiques@lille3000.comCatalogue (Ed. « Réunion des Musées nationaux »/208 p.) : 39€Publication revue hors série « Connaissance des Arts »/66 p. : 12€90Contacts00.33/3/20.06.78.28Site web : https://pba.lille.fr/.

Prochaine exposition au « Palais des Beaux-Arts », à Lilledu jeudi 18 septembre 2025 jusqu’au lundi 05 janvier 2026 : « Petite Histoire de Géants : Lydéric & Phinaert. Hommage aux célèbres Géants de Lille ».

Concernant les peintres flamands, une autre expo est à découvrir, jusqu’au dimanche 28 septembre, au « Musée de Flandres »à Cassel : « Brueghel & Van Balen, Artistes & Complices ».

Programme des autres expositions de « Fiesta », la 7e édition de « Lille 3000 » :  https://fiestalille3000.com/.

Yves Calbert.