Wallonie : un quart des places d’accueil d’enfants en danger de disparition
Un secteur fragilisé par des coupes budgétaires massives
En Wallonie, le secteur de la petite enfance fait face à une crise majeure annoncée pour le début de l’année prochaine. Selon la Cosege (Coordination des services d’accueil d’enfants de la Fédération Wallonie-Bruxelles), des dizaines de structures d’accueil sont menacées de fermeture à cause des nouvelles mesures d’économies prises par le gouvernement. Ces décisions, qui prévoient une réduction de 74 millions d’euros dans le financement dédié à l’accueil des enfants, pourraient entraîner la disparition de milliers de places d’accueil, laissant familles et travailleurs dans une situation critique.
Parmi les mesures adoptées, la suppression de l’indexation des subsides de l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) représente un coup dur. Cette non-indexation génère une économie de huit millions d’euros pour la Fédération, mais elle prive les structures d’accueil de moyens essentiels pour financer le personnel. Beaucoup de milieux d’accueil ne pourront pas absorber cette perte financière et se verront contraints de fermer leurs portes.
Une « catastrophe annoncée » pour les familles et les travailleurs
Le secteur de la petite enfance était déjà sous pression depuis plusieurs années : sous-financement chronique, manque de personnel, conditions de travail difficiles, démissions en cascade. La demande de places, quant à elle, n’a jamais été aussi forte. La pénurie risque de devenir dramatique si les fermetures annoncées se concrétisent.
Les chiffres communiqués par la Cosege sont alarmants :
-
1.648 places menacées rien que dans la province de Liège, gérées par près de 400 accueillantes ;
-
300 places en danger dans la région de Mons ;
-
3.316 places concernées dans le Hainaut, réparties dans 28 services, touchant environ 3.600 familles.
Au total, un quart de toutes les places d’accueil de la Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait disparaître. Une telle perte créerait un vide immense, impossible à combler rapidement.
La Cosege parle d’une « catastrophe annoncée » :
-
parents laissés sans solution de garde,
-
freins au retour à l’emploi,
-
familles monoparentales encore plus fragilisées,
-
travailleurs du secteur menacés de perdre leur emploi,
-
impact social et économique majeur sur toute la Wallonie.
Mobilisation pour un refinancement urgent du secteur
Face à cette situation dramatique, les acteurs du secteur se mobilisent. La Cosege, accompagnée d’autres organisations, se rendra mardi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour réclamer un refinancement urgent. Leur message est clair : la petite enfance n’est pas un poste de dépense superflu, mais un pilier social indispensable.
Depuis des années, le secteur avertit : manque de personnel qualifié, salaires trop bas, surcharge administrative, conditions de travail difficiles. Aujourd’hui, la coupe budgétaire vient aggraver une situation déjà critique.
Dans un contexte où la Fédération Wallonie-Bruxelles doit aussi faire face à une dette croissante — qui pourrait augmenter de moitié dans les quatre prochaines années — le gouvernement justifie ses économies par la nécessité de stabiliser les finances. Mais pour les professionnels, ces choix compromettent directement la qualité de l’accueil, l’avenir des familles et la stabilité du secteur.
La crise qui s’annonce constitue un moment décisif. Sans changement de cap, des milliers de places d’accueil pourraient disparaître dès janvier, provoquant une onde de choc sociale et économique durable. La mobilisation vise donc à sensibiliser les responsables politiques et à rappeler que l’accueil des jeunes enfants est un investissement essentiel, et non une charge budgétaire à réduire.

