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Synopsis  « Ce deuxième volume de la trilogie ‘Louisiana, la Couleur du Sang’ poursuit la saga d’une famille de planteurs, dans le sud des États-Unis, au XIXe siècle. Après le décès d’Augustin, patron tyrannique du domaine, sa veuve tente de prendre en main son destin, malgré les conflits qui l’opposent à son fils revenu d’Europe et sa fille aux idées progressistes… »
Léa Chrétien, la scénariste, et Gontran Toussaint, le dessinateur, livrent ici un témoignage puissant sur une Amérique misogyne, raciste et en proie à de profonds changements, à la veille de la guerre de Sécession, qui amena l’abolition de l’esclavage au sein de tous les Etats américains.
Inspiré de réalités historiques, à la lecture du deuxième tome de « Louisiana, la Couleur du Sang », nous découvrons les secrets parfois inavouables d’une famille déchirée, qui nous font penser, parfois, à des films comme « La Couleur Pourpre » (Steven SpielbergUSA/1986/154′) et « La Couleur des Sentiments » (TateTaylorUSA-Inde-Emirats Arabes Unis/2011/146′) ou encore le roman de William Faulkner« Le Bruit et la Fureur » (USA/1929/326 p.).
Personnage central de l’histoire, la prétresse vaudou Marie Laveau (vers 1801-1881), née dans le célèbre quartier français de La Nouvelle Orléans (New Orleans) a réellement existé, devenant effectivement, après la mort de son mari, coiffeuse à domicile pour les riches familles blanches.
Pour l’anecdote, preuve de sa relative importance dans l’histoire de New Orleans, son certificat de mariage est conservé dans la bien connue Cathédrale Saint-Louis.
Planche 01/Page 03 © Léa Chrétien & Gontran Toussaint/Ed. « Dargaud »
Dans la dernière case de la première planche (p. 03), nous lisons : que des gens pensaient « que c’était sa fille qui se faisait passer pour elle », hors dans la réalité, parmi ses… 13 enfantselle eut une filleporteuse du même nomqui devint, également, prétresse vaudou
Si, par contre, la« Plantation du Chêne Rouge » n’existe pas, notons que le réputé chêne rouge d’Amérique (quercus rubra), arbre symbole de l’État du New Jersey, est bien présent dans les plantations de la Louisiane, dont celle dénommée « Oak Alley » (en français :« Allée des Chênes »), sise à proximité de New Orleans.
Page 07 © Léa Chrétien & Gontran Toussaint/Ed. « Dargaud »
Cette bande dessinée nous décrit, fort bien, la triste réalité du racismeen Louisiane, essentiellement à l’époque de l’esclavage, sachant que, dans la réalité, en 1980, 115 ans après la fin de la guerre de Sécession (1861-1865), dans la loi de l’Etat de Louisiane, les mariages entre noirs et blancs étaient toujours interdits, les récents assassinats de noirs américains par des policiers blancs, comme celui de George Floyd (1973-2020), ce dernier 25 mai, nous prouvant, fort malheureusement, que le racisme existe toujours aux Etats-Unis.
Page 14 © Léa Chrétien & Gontran Toussaint/Ed. « Dargaud »
Aussi, dans les salles belges, durant ce dernier été, nous avons pu voir « Burden » (Andrew Heckler/USA/2018/ 129′), une fiction des plus fortes, centrée sur le fait que le« Ku Klux Klan », fondé en 1865, a toujours une inlfuence néfaste, au XXIè siècle, dans certaines comunautés américaines
Dès la page 06 de l’album, à domicile, dans sa plantationle jour de son mariage avec Georges, en 1822, Joséphine reçoit une amulette de fertilité de Marie Laveauqui vient de la coiffer et qu’elle apprécie particulièrement, à la grande colère de sa mère, qui s’exclame :« Tous ces nègres… Ils nous veulent du mal ! Ils nous détestent tous !! »…
Page 26 © Léa Chrétien & Gontran Toussaint/Ed. « Dargaud »
… En page 53après l’assassinat d’une femme noire, l’on note deux répliques qui en disent long sur cette triste réalitéd’autant plus avant la guerre de Sécession,  répondant à la question :« Qu’avez-vous fait ? », la réponse fuse : « En quoi çà vous regarde ? C’est pas les nègres qui manquent par ici, alors un de plus ou de moins… », un second quidam confirmant : « Du calme ! On va pas s’énerver à cause d’une négresse, quand même… »
Par ailleurs, si nous souffrons, depuis près d’un an, de la pandémie, provoquée par le covid 19, au XIXè siècle, c’était le choléra qui faisait des ravages, tant à Paris qu’aux Etats-Unis. Aussi face aux belles imagesdessinées dans cet album, d’un bateau à aube, sur le Mississipi, ou de jolies résidences, édifiées dans les plantations de la Louisiane, cette maladie mortelle est évoquée.
Page 27 © Léa Chrétien & Gontran Toussaint/Ed. « Dargaud »
Ainsi, dans la première case de la page 37, nous lisons ces mots : « Tu n’es pas sans savoir qu’une épidémie de choléra sévit à La Nouvelle Orléans, les victimes se comptant par milliers« …
Hors, dans la vraie vie, en 1832, un médecin de New OrleansMichel Halphen, rédiga, en français, son « Mémoire sur le choléra-morbus à la Nouvelle Orléans », prouvant ainsi l’excellente documentation historique faite par les auteurs, en vue de l’écriture de ce second tome de « Louisiana, la Couleur du Sang ».
Ce scénario est parfaitement soutenu par la qualité du dessin, l’ensemble nous offrant un récit captivant, qui se lit facilement, avec des images fortes, qui, fort heureuement, ne sombrent pas dans la vulgarité, malgré l’évocationsobrement dessinée, d’un lieu de débauche.
Page 33 © Léa Chrétien & Gontran Toussaint/Ed. « Dargaud »
Tout au contraire, nous découvrons une superbe mise-en-scène, sorte de portofolio de deux doubles pagesluxueusement présentées sur fond noir, sans bords blancs, ni pagination, deux de ces pages ne présentant qu’un total de trois bulles rectangulaires avec ces simples mots : Antoine ?! – Georges… – Pas ici… Pas maintenant…
… Ces pages, qui sont loin d’être poétiques, se trouvent au coeur de la dramaturgie de ce 2è opus de « Louisiana, la Couleur du Sang », que nous vous invitons à découvrir.
Page 38 © Léa Chrétien & Gontran Toussaint/Ed. « Dargaud »
« Louisiana, la Couleur du Sang » (2è tome/Léa Chrétien & Gontran Toussaint/Ed. « Dargaud »/cartoné/56 p./ 32 x 24,5 cm/14€50).

Les auteurs :

Léa Chrétien France-1986)

Chretien (Léa)

Léa Chrétien © « Dargaud »

Passionnée, dès l’enfance, par le dessin et les histoiresLéa Chrétien devint une lectrice compulsivese nourrissant, avec avidité, de tous les genres littérairesdes romans fantastiques aux polars noirs, en passant par la poésie et la bande dessinée.

Ayant étudié l’illustration à l’« ESA Saint-Luc » (« Ecole Supérieure des Arts bacheliers »), à Liège, elle se mit à travailler sur plusieurs projets de bandes dessinées, qu’elle scénarise et dessine, sans succès.

En 2014, elle se rend, avec Gontran Toussaint, à La Nouvelle-Orléans. Un de leurs guides leur raconte la vie d’une famille ayant vécu dans cette ville et dans une plantation de coton. Poursuivant leur voyage en Louisiane, ils découvrent l’ambiance si particulière de cet Etat américain, ancienne colonie françaisevendue par Napoléon Bonaparte (1769 à -1821) aux Etats-Unis, alors que le nom Louisiane, célébrant Louis XIV (1638-1715), fut donné à ce territoire, en 1682, par l’explorateur français René-Robert Cavellier de La Salle (1643-1687), qui permettait, ainsi, à la souveraineté française d’annexer un immense territoire, plus vaste que l’actuelle Louisiane

Ainsi naquit l’idée de ce tryptique« Louisiana, La Couleur du Sang« , dont, dès 2016, Léa Chrétien entamma l’écriture, le tome 1 étant édité, en 2019, par « Dargaud ».

Gontran Toussaint (°Namur-1989)

Toussaint (Gontran)

Gontran Toussaint © « Dargaud »

Lecteur de BD dans son enfanceGondran Toussaint se découvrit, tout naturellement, l’envie de réaliser ses propres histoires.

Deux grands maîtres de la BD réalisteJean Giraud  (« Moebius »/ 1938 -2012) et « Hermann » (Hermann HupperBévercé-1938) eurent un impact considérable sur l’évolution de son travail.

À l’issue d’un parcours scolaire artistique, il poursuit sa formation en bande dessinée à l’« ESA Saint-Luc »à Liège. Ses études terminées, répéré par les scénaristes Renaud Garreta Brest/1964) et Laurent Granier France/1974), ces derniers lui demande dessiner pour deux de leurs futurs albumsà caractère documentaire, de la série « Reporter », éditée par « Dargaud »  : « Bloody Sunday » (autour de l’assassinat de Malcom X) et « Les derniers Jours du Che ».

Notre suggestion : Si vous aimez la Louisiane et ses plantations, dans un esprit humoristique totalement différent, où l’on voit Lucky Luke prêt à être exécuté par le« Klu Klux Klan », n’hésitez pas à découvrir « Un Cow-Boy dans le Coton » (« Achdé » « Jul »/Ed. « Lucky Comics-Dargaud »/48 pages/cartonné/2020/10€95).

Yves Calbert.