Mobilité

Plan de sécurité routière wallon : vers un nouveau modèle de vitesse et de prévention

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Un constat inquiétant et une vitesse à revoir

La Wallonie a présenté un nouveau plan de sécurité routière en réponse à une tendance préoccupante : après une baisse notable des décès entre 2019 et 2024, la mortalité routière est repartie à la hausse en 2025, atteignant 206 morts l’an dernier. La vitesse reste l’un des principaux facteurs de risque, étant impliquée dans 30 % des accidents mortels. Les routes limitées à 90 km/h sont particulièrement visées : elles concentrent 35 % des décès et les collisions y sont trois fois plus graves qu’en agglomération.
Face à ce constat, l’idée d’abaisser la limite à 70 km/h sur une partie du réseau wallon s’impose, suivant l’exemple de la Flandre, qui a adopté ce modèle depuis 2017. Néanmoins, en Wallonie, une transposition immédiate est impossible en raison de la topographie et de la densité du réseau. Le Conseil supérieur wallon de la sécurité routière préconise donc une approche progressive dès 2027, après une révision du cadre réglementaire en 2026 et la création d’une cartographie détaillée des routes. Le déploiement s’étendra jusqu’en 2028, avec des adaptations locales et des tests de limitations dynamiques selon le trafic ou la météo.

Contrôles renforcés et rôle central des communes

Limiter la vitesse ne suffit pas : encore faut-il assurer son respect. Seulement 30 % des conducteurs pensent risquer un contrôle, un taux jugé trop faible par les autorités. Pour y remédier, la Wallonie souhaite multiplier les contrôles visibles, notamment via les « marathons de la vitesse », et poursuivre l’installation de contrôles automatiques, perçus comme un moyen dissuasif plus efficace que la simple sensibilisation.
Les communes joueront également un rôle clé dans ce plan. Grâce à une cartographie précise des accidents, elles pourront cibler les zones à risque : abords d’écoles, passages piétons dangereux, carrefours problématiques. Des moyens techniques et financiers leur seront fournis pour adapter leurs politiques locales. Toutefois, une question persiste : comment éviter une dérive vers un excès de radars, comme cela a parfois été reproché en Flandre, où certains y voient davantage une source de revenus qu’un outil de sécurité ?

Six autres axes : usagers vulnérables, zones à risques et sensibilisation

Outre la réduction générale de la vitesse, le plan wallon comprend six autres axes d’action. Le premier vise les usagers vulnérables – piétons, cyclistes, trottinettistes – dont la part dans les accidents graves est passée de 17 % à 24 % en dix ans. Il s’agira d’améliorer l’éclairage et la visibilité des passages piétons, de sécuriser les trajets domicile-école et de mieux protéger les zones de chantier.
Un second axe concerne la sécurisation des zones à risques. Grâce à de nouveaux outils d’analyse combinant statistiques et ressenti des riverains, les autorités pourront mieux identifier les « points noirs » et décider de l’installation de feux, radars ou ronds-points aux endroits stratégiques.
Enfin, la sensibilisation sera intensifiée. Des campagnes ciblées s’adresseront aux jeunes conducteurs, aux seniors et aux entreprises, incitées à former leurs employés et à moderniser leurs véhicules, notamment avec des dispositifs de détection des angles morts. Le plan prévoit aussi une visibilité policière accrue afin de renforcer la prévention sur le terrain. Reste à savoir si les moyens financiers de la Région wallonne et des communes permettront de mettre en place durablement ces ambitions.