Test Achats a analysé 24 miels multifloraux liquides vendus, parfois au prix fort, en supermarché auprès de deux laboratoires certifiés pour en vérifier l’authenticité et la qualité. Les résultats démontrent que les méthodes d’analyse actuelles ne permettent pas de détecter efficacement les fraudes. L’organisation de consommateurs demande aux autorités de s’emparer de ce problème pour protéger ce produit naturel.
La qualité et l’authenticité du miel en danger
Après le lait et l’huile d’olive, le miel est l’aliment le plus prisé des fraudeurs qui tentent de faire passer du sucre en pot pour du miel authentique. En effet, les escrocs ne reculent devant rien : de la dilution du précieux nectar avec des sirops de sucre (maïs, canne, betterave, riz), à la fraude sur l’origine géographique et botanique et sur l’étiquetage, tous les moyens sont bons.
C’est le constat désolant que fait Test Achats après avoir examiné auprès de deux laboratoires indépendants certifiés, l’authenticité de 24 miels multifloraux liquides disponibles dans les supermarchés grâce aux tests les plus sensibles actuellement disponibles.
Les résultats des tests en laboratoires sont mauvais
L’analyse des critères permettant de juger de la qualité du miel – la présence d’une substance nommée HMF, et l’activité enzymatique – montre qu’elle est loin d’être au rendez-vous. 19 miels sur 24 contiennent trop d’HMF, et seul 1 miel sur les 24 répond aux exigences en termes d’activité enzymatique.
La détection de la fraude est mission impossible
Un miel authentique est avant tout un miel conforme à la législation. La transformation du nectar en miel doit être entièrement réalisée par les abeilles et exclusivement à l’intérieur de la ruche. Bref, aucune intervention humaine n’est tolérée. La loi exclut donc la présence de tous sucres étrangers, notamment dérivés de sirops, ce qu’on appelle l’adultération du miel.
Or, même après avoir réitéré les analyses dans différents laboratoire spécialisés, l’organisation de consommateurs n’a pas pu conclure avec certitude quant à l’authenticité de certains des produits achetés. La faute, d’une part, à des méthodes d’analyse devenues obsolètes, devenues faciles à contourner par les fraudeurs, et d’autre part, à l’absence d’un test uniformisé, ce qui donne lieu à des divergences d’interprétation.
“Les fraudeurs sont très prompts à contourner les contrôles. Et pour preuve, on trouve aujourd’hui sur des sites de vente en ligne comme Alibaba, des bidons de sucre inverti (glucose + fructose) bon marché, certifié non détectable par les méthodes de détection reconnues par les autorités européennes” déclare Julie Frère, porte-parole de Test Achats.
“Ce phénomène nuit aux apiculteurs honnêtes mais aussi aux consommateurs qui ne dégustent pas le produit naturel attendu, et pour lequel ils ont (parfois chèrement) payé”, ajoute Julie Frère.
Test Achats plaide pour un seul test de contrôle officiel
« Un test de contrôle unique, indépendant, performant et évalué par les autorités, est devenu urgent et indispensable si on veut protéger l’authenticité de ce produit précieux qu’est le miel.
La constitution d’une base de données internationale des miels originaux, avec échange d’informations entre les laboratoires spécialisés – publics, universitaires et privés – constituerait un deuxième outil efficace de lutte contre la fraude » déclare Julie Frère, porte-parole de Test Achats.
Mention obligatoire du pays d’origine
L’organisation de consommateurs plaide également pour rendre obligatoire la mention du pays d’origine sur l’étiquetage de tous les miels vendus en Belgique pour en faciliter la traçabilité et l’authentification, des outils majeurs pour combattre la contrefaçon. Sur le 24 produits analysés par Test Achats, 18 produits n’indiquent pas le pays d’origine du miel, se contentant d’un laconique ” miel mixte UE et non UE “.