La faillite définitive de Cameleon : un nouveau coup dur pour l’entreprise
Le jeudi 2 mai, le tribunal de l’entreprise néerlandophone de Bruxelles a mis un terme à la procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) entamée par Cameleon, une entreprise bruxelloise connue pour son concept de magasin-événement. Cette décision a entraîné la faillite immédiate de la société et la perte d’emploi pour 46 travailleurs, comme l’indique le journal L’Echo. Cette faillite marque la fin d’une tentative de sauvetage qui s’inscrivait déjà dans une situation économique critique depuis plusieurs années.
En effet, cette décision de justice est le résultat d’une situation financière devenue insoutenable. Au début du mois de février, Cameleon avait sollicité la justice pour bénéficier d’une PRJ par transfert, un mécanisme juridique qui permet à une entreprise en difficulté de se protéger temporairement de ses créanciers, le temps de trouver un repreneur ou de réorganiser ses activités. Cela n’a cependant pas suffi pour garantir la survie de l’entreprise.
Cette procédure avait pour but de donner un dernier sursis à la société, qui avait déjà connu une première faillite en novembre 2020. À l’époque, Cameleon avait été relancée par la société Rengo, dirigée par Pascale Switten et Lien Geeroms. Ces dernières avaient redonné espoir à l’entreprise, tentant de lui insuffler une nouvelle dynamique commerciale. Cependant, la relance s’est avérée fragile, et les difficultés économiques ont rapidement resurgi. Le modèle de Cameleon, qui repose sur une expérience d’achat événementielle dans des lieux éphémères, a souffert de la conjoncture, de la pression concurrentielle et sans doute aussi des changements dans les habitudes de consommation.
Des efforts de sauvetage multiples, mais sans issue
Face à cette seconde crise, les responsables de Rengo n’ont pas ménagé leurs efforts pour tenter une nouvelle fois de sauver l’entreprise. Plusieurs pistes ont été étudiées afin d’éviter une issue aussi radicale que la faillite. Parmi celles-ci, une solution de crowdlending (financement participatif sous forme de prêt) a été envisagée en collaboration avec la plateforme Ecco Nova, spécialisée dans les projets durables. L’objectif était de mobiliser rapidement des fonds en sollicitant des particuliers sensibles au projet de Cameleon.
Parallèlement, les dirigeants ont également approché quatre banques afin d’obtenir une ligne de crédit de 250.000 à 500.000 euros, nécessaire pour garantir la continuité des activités. Ces demandes n’ont toutefois pas abouti, que ce soit en raison des risques perçus ou des garanties insuffisantes.
Dans une autre tentative, des investisseurs privés ont été démarchés avec le soutien de deux cabinets spécialisés dans la levée de fonds, The Harbour et Agio Capital. Ces démarches ont semblé prometteuses à un certain moment : un investisseur s’était montré intéressé, ce qui a laissé entrevoir une porte de sortie. Malheureusement, celui-ci a retiré son engagement à la dernière minute, anéantissant les espoirs d’un redressement.
Ce retrait a porté un coup fatal aux espoirs de survie de l’entreprise, déjà fragilisée. Sans apport financier rapide et suffisant, la continuité de l’activité devenait impossible. La décision du tribunal de mettre un terme à la PRJ et de prononcer la faillite a donc été inévitable.
Avec cette faillite, ce sont 46 employés qui se retrouvent sans emploi, un drame humain en plus du revers économique. Ce nouvel échec souligne les difficultés auxquelles font face les entreprises belges de taille moyenne, notamment dans le secteur du commerce physique. Même des modèles innovants ou atypiques comme celui de Cameleon ne sont pas à l’abri des défis du marché et des retournements conjoncturels.