Aux abords du futur médiapark.brussels à Schaerbeek, tout près du boulevard Reyers, les travaux ont commencé pour un bâtiment neuf remarquable : la Haute École Libre de Bruxelles Ilya Prigogine – en abrégé HELB– y recevra un tout nouveau campus, conçu par B-architecten. Le bâtiment accueillera des étudiants en cinéma, photographie et techniques d’image, et constituera, avec les futurs sièges sociaux de la RTBF et de la VRT, le cœur d’un nouveau quartier axé sur les médias, les échanges et la durabilité. Cette réhabilitation spatiale s’inscrit dans une ambition urbaine plus large visant à transformer le site unitaire de Reyers en un quartier vivant et mixte.
HELB, qui jusqu’ici occupait quelques étages des bâtiments existants de la RTBF, saisit le déménagement prévu de l’audiovisuel public pour mettre en place une infrastructure propre, tournée vers l’avenir. Cette opportunité se présente rarement : un bâtiment scolaire tout neuf dans une zone urbaine centrale est une exception dans le paysage de l’enseignement supérieur francophone. L’emplacement dans le médiapark est stratégique : l’école souhaite non seulement renforcer ses liens avec les institutions médiatiques environnantes, mais aussi s’engager activement dans des collaborations et des fertilisations croisées avec les professionnels de demain.
Apprendre hors de la salle de classe
Le projet de B-architecten traduit cette ambition par un bâtiment qui est bien plus qu’une école classique. Les architectes ont observé comment les étudiants se déplacent aujourd’hui dans les couloirs et zones vertes, souvent chargés de caméras et de micros, errant apparemment sans but. Mais l’apparence est trompeuse : ils travaillent en marge de la salle de classe, à la recherche de lumière, de son et de composition. Cette atmosphère d’« apprentissage par la pratique » a constitué le point de départ pour une architecture où le mouvement, l’exercice et les rencontres fortuites sont au centre, même en dehors des moments formels d’enseignement.
Une large zone de circulation, située derrière la façade transparente, forme l’épine dorsale du bâtiment. Autour de celle-ci se trouvent une cafétéria, une médiathèque, une salle de projection, un hall et divers auditoriums. Ces espaces ne sont pas seulement accessibles aux étudiants et enseignants, mais peuvent également être utilisés pour des activités ouvertes au public, telles que des projections de films ou des expositions. Grâce à cette structure ouverte, le bâtiment acquiert un caractère urbain : ce n’est pas un campus introverti, mais une maison pour le cinéma et la photographie où le quartier et le grand public sont également les bienvenus.
Studio et écran
Les studios de son et de cinéma se trouvent au sous-sol, où la lumière naturelle et l’acoustique sont plus facilement contrôlables. Cette intervention permet de garder la partie supérieure visuellement ouverte. Plutôt que d’enfermer les espaces, B-architecten mise sur une stratification claire des fonctions : les espaces techniques et fermés en bas, et les environnements destinés au public et à l’apprentissage au-dessus. Ainsi se crée une architecture en couches où chaque espace peut fonctionner de manière optimale, sans sacrifier l’ambiance ou la qualité d’utilisation.
Les besoins contrastés – d’une part des espaces de travail fermés et silencieux, d’autre part une ouverture sur l’environnement – sont intelligemment conciliés. Les salles de classe se trouvent du côté calme du bloc de construction, tandis que la zone de circulation animée donne sur le parc. Ainsi, deux visages apparaissent : une façade urbaine et publique côté médiapark et un climat d’étude plus introverti à l’intérieur. Le bâtiment devient ainsi, littéralement et symboliquement, un point de jonction entre ville et éducation, entre concentration et connexion.
Architecture en tant que cadre didactique
Les choix de conception soutiennent non seulement l’utilisation, mais rendent aussi le processus d’apprentissage visible. Dans les structures de fermes dans les couloirs, les étudiants peuvent accrocher leurs propres décors ou éclairages, comme dans un environnement de studio professionnel. Même le mobilier et la finition font référence aux techniques audiovisuelles : béton, plafond noir, rideaux, goulottes pour câbles. Ces détails élèvent le bâtiment d’un centre de formation classique à un espace de travail proche de la pratique professionnelle future.
Sur le toit se trouve un studio en plein air avec vue sur le médiapark. Cet espace n’est pas seulement symbolique – en tant que point de vue sur le secteur médiatique bruxellois – mais aussi fonctionnel : il invite à l’expérimentation, à la performance et à la réflexion. Ainsi, le bâtiment ne donne pas seulement forme à un programme d’enseignement, mais stimule également la créativité de ses utilisateurs. Le campus devient un outil d’apprentissage vivant, où la frontière entre infrastructure et pédagogie s’efface.
Photo : ©B-architecten
– Source : B-architecten & bma