Une étape importante vers la restauration de la nature dans la mer du Nord belge a été franchie : plus de deux cent mille jeunes huîtres plates ont été introduites sur les fonds marins, à environ 30 kilomètres au large des côtes.
Cette action s’inscrit dans le cadre du projet Belreefs, une collaboration entre autorités publiques, monde scientifique et secteur industriel, initiée par le Service Milieu marin du SPF Santé publique, qui vise à restaurer les récifs d’huîtres dans notre mer.
Récifs d’huîtres : perdus, mais pas oubliés
L’huître plate européenne (Ostrea edulis) était autrefois largement répandue en mer du Nord, mais a presque entièrement disparu depuis le XIXème siècle, en raison de la surpêche, des perturbations du fond marin et des maladies. Le projet Belreefs vise aujourd’hui à favoriser son retour. En effet, les récifs d’huîtres constituent un habitat précieux pour de nombreux organismes marins et rendent également des services écosystémiques essentiels tels que l’épuration de l’eau, la fixation de l’azote et la protection du fond marin. Ils contribuent ainsi à une plus grande biodiversité et à une meilleure résilience face au changement climatique.
La coopération comme moteur de restauration
Le projet Belreefs est un bel exemple de coopération entre autorités publiques, scientifiques et entreprises. La ministre de la Justice et de la Mer du Nord, Annelies Verlinden, souligne l’importance de telles initiatives :
« La mer du Nord n’est pas seulement un moteur économique essentiel, c’est aussi un environnement naturel unique qu’il faut absolument préserver. Le repeuplement par de jeunes huîtres est un investissement dans la biodiversité et la résilience climatique. Des projets comme Belreefs nous aident à atteindre notre objectif de restaurer écologiquement au moins 20 % de notre mer du Nord d’ici 2030. »
Un substrat biodégradable pour fixer les huîtres
Les jeunes huîtres, appelées naissains, ont été fixées dans un environnement contrôlé à un substrat biodégradable, soigneusement sélectionné et testé. Elles ont ensuite été installées sur un lit de gravier autour d’une épave, un site choisi en collaboration avec l’Institut des Sciences naturelles, pour leur donner un maximum de chances de survie. Après l’installation, un suivi intensif sera mis en place afin d’évaluer l’impact écologique et de permettre une éventuelle montée en puissance du projet.
La restauration des bancs d’huîtres est une priorité dans la politique fédérale de l’environnement marin.
« Ce projet s’inscrit dans le programme de mesures visant à améliorer l’état écologique de notre mer. Le règlement européen sur la restauration de la nature oblige les États membres à non seulement protéger la nature – y compris en mer – mais aussi à la restaurer », explique Merel Oeyen, chargée de mission au sein du Service Milieu marin. « Nous avons analysé quelles mesures contribueraient le plus efficacement à la restauration de la nature. Nous nous sommes également penchés sur les approches de nos pays voisins, car il est essentiel que les mesures se renforcent mutuellement. Sur cette base, nous avons choisi la restauration active des bancs d’huîtres comme la meilleure option pour améliorer l’état de la nature dans notre mer du Nord. »
Les bases d’une restauration écologique à grande échelle
Les techniques et connaissances développées dans le cadre de Belreefs dépassent largement le cadre du projet.
« Avec Belreefs, nous posons les bases d’une restauration à grande échelle des récifs d’huîtres en mer du Nord et au-delà », explique Vicky Stratigaki, ingénieure marine et coordinatrice du projet Belreefs chez Jan De Nul.
Belreefs est une collaboration entre Jan De Nul, l’Institut des Sciences naturelles, Shells & Valves et Mantis Consulting. Le projet est réalisé à la demande du SPF Santé publique, dans le cadre de l’action T4.8 du projet LIFE Belgium for Biodiversity.
Tous les partenaires suivent les lignes directrices de la Native Oyster Restoration Alliance (NORA) (https://noraeurope.eu/), un réseau international engagé dans la restauration des récifs d’huîtres plates en Europe.
(Photo : © Jan De Nul. Installation de jeunes huîtres sur un substrat biodégradable en mer du Nord belge par des collaborateurs de Jan De Nul.)