A « Bozar », jusqu’au 11 Janvier 2026 : « Luz y Sombra. Goya & le Réalisme espagnol », dans le cadre d’ « Europalia Espana »)

« Le Sommeil de la Raison engendre des Monstres » (série « Les Caprices »/Goya/1799 )
Fondé, en 1969, avec « Europalia Italia« . Pour cette 30e édition d’ « Europalia », outre les nombreuses expositions, pas moins de 150 événements, jusqu’en février 2026, mettant en lumière la richesse culturelle de l’Espagne, à travers l’architecture, les arts visuels, le cinéma, la danse, la littérature, la musique, la performance, le théâtre, avec la présence de 120 artistes, l’événement central est l’exposition « Luz y sombra. Goya et le réalisme espagnol », nous présentant des oeuvres de 70 artistes plasticiens espagnols, à l’affiche du « Palais des Beaux-Arts » (« Bozar »), jusqu’au dimanche 11 janvier 2026, cette expo de prestige ayant été inaugurée, suite à un concert, donné le mardi 07 octobre, dans la « Salle Henry Leboeuf », en présence de la reine Letizia & du roi Felipe VI d’Espagne, ainsi que de la reine Mathilde & du roi Philippe de Belgique.

« Preview » pour les Souverains espagnols & belges, le 07 octobre © « VRT »
De fait, comme le titre de ce cette exposition l’indique, l’exposition présentée à « Bozar » n’est pas consacrée uniquement à Francisco José de Goya y Lucientes (1746-1828), ces principales toiles ne comptant pas parmi les toiles exposées, certaines de celles-ci pouvant être (re)découvertes, à une quarantaine de minutes, en TGV, de Bruxelles-Midi jusqu’au « Palais des Beaux-Arts », à Lille.
« Le 03 Mai » (Francisco de Goya/1814) © « Europalia Espana »-« Bozar »
Ici, l’important est de nous permettre de constater le dialogue existant entre l’oeuvre de Goya & celui de ses contemporains et successeurs, nous rappelant ce que l’ancien Ministre français André Malraux (1901-1976) – lauréat, en 1933, du « Prix Goncourt », pour « La Condition humaine » (1933) – , déclara : « Et alors commence l’art moderne ».

« Le Peintre Francisco de Goya » (Vicente López Portaña) © Photo : « Getty »
De fait,Goya est considéré comme étant le premier artiste contemporain, son oeuvre incarnant les deux aspects clefs : sa capacité à assimiler les influences & son approche expérimentale de l’art. Plutôt que d’être improvisé ou marginal, l’art de Goya est profondément ancré dans son époque & y est très réceptif, faisant avancer l’art en s’inspirant du passé, illustrant ainsi la condition moderne de l’artiste, telle que décrite par l’écrivain-sculpteur Jorge Oteiza (1908-2003) & l’historien-critique d’art Francisco Calvo Serraller (1948-2018).

« Manière de voler » (série « Los Disparates »/Francisco de Goya/1815-1816) © « Petit Palais »
L’exposition se compose de trois sections, qui correspondent à des phases clefs de la vie de Goya, jeune, adulte, puis devenu sourd, retiré dans sa maison à la campagne ou en exil volontaire à Bordeaux, réalisant des peintures noires pour lui-même, ayant expérimenté de nouvelles techniques et s’étant peint comme un vieillard « toujours en apprentissage ».
Ces sections sont :
- « Goya le peintre : baroque / classicisme » ;
- « Goya éclairé : formes cultivées / formes populaires » ;
- « Goya en synthèse : expression / abstraction ».

© « Europalia Espana »-« Bozar »
Son oeuvre reflète la souffrance humaine, sans dogme, faisant référence à la fantasmagorie populaire, comme dispositif parodique, son oeuvre graphique gagnant en importance au fil de l’exposition, étant, probablement, le domaine où Goya expérimenta le plus, constituant une référence majeure pour les artistes qui lui ont succédé.
« Non Sens féminin » © « Europalia Espana »-« Bozar »
Cette exposition crée un dialogue entre l’oeuvre pionnière de Goya et des oeuvres de contemporains et d’artistes des générations suivantes. Avec ses représentations féroces & saisissantes de l’injustice, des abus & des horreurs de son époque,Goya a été le pivot dans le développement d’une modernité fermement ancrée dans la tradition réaliste espagnole.

« Fabrication de la poudre dans la Sierra de Tardienta » (vers 1814) © Palais de la Zarzuela
Faisant suite à la Guerre civile espagnole (1936-1939), nous pouvons découvrir des oeuvres créées en opposition à la dictature de Franco (Francisco Franco/1892-1975), dans les années 1950, avant de porter la transition vers la démocratie, à travers une position claire, dans les années 1970.
© « Europalia Espana »-« Bozar »
Goya participa à la transition vers un nouveau régime politique & social en Espagne, qui donna naissance à un nouveau sujet politique issu des révolutions américaine & française.
© « Europalia Espana »-« Bozar »
« Depuis le XIXe siècle, Goya & son oeuvre ont été érigés en symboles de l’identité nationale. La présente exposition explore les nuances & contradictions qui émanent de cette assimilation, , et ce par le prisme de la tradition réaliste du « Siècle d »Or espagnol » – qui, en peinture, comprend tout le XVIIe siècle – mais, aussi de l’actualisation du mysticisme & de la picaresque, à l’origine d’un nouveau régime visuel« , écrivent les deux commissaires espagnoles, Rocío Gracia Ipiña, docteure en histoire de l’art, professeure associée à l’ « UAM » (« Universitad Autónoma de Madrid » & Leticia Sastre Sánchez, historienne de l’art, conservatrice au Ministère espagnol de la Culture, qui explorent comment l’adjectif « goyesque » caractérise une peinture sombre, réaliste, teintée d’angoisse, et comment Goya a marqué les artistes contemporains.
« Les Jeunes-Filles aux Cruches » © « Europalia Espana »-« Bozar »
A noter, le commentaire de l’une de ces deux commissaires, Rocío Gracia Ipiña :« Tout ce qui est contemporain découle de la tradition. C’est en regardant en arrière que nous avançons. »
« Têtes & Grimaces » (José Luis Gutiérrez Solana) © « Europalia Espana »-« Bozar »
L’oeuvre de Goya fut fondamentale dans l’ouverture de ces prémices aux langages contemporains du pop art, de l’informalisme & de l’abstraction. Sa contribution à la construction de l’imaginaire collectif espagnol est indéniable, tant en Espagne qu’au-delà, non pas à partir d’une perspective idéalisée ou idéalisante, mais plutôt d’un regard critique & visionnaire.
© « Europalia Espana »-« Bozar »
Autour des 74 dessins, gravures & peintures de Goya, parmi les oeuvres 70 artistes espagnols, notons celles de Pérez Agirregoikoa (°San Sebastian/1963), Eduardo Arroyo (1937-2018), Patricia Gadea (°Madrid/1960), Marisa Gonzalez (°Bilbao/1943), Asuncion Molinos Gordo (°Guzman/1979), Francisco Lopez (°Madrid/1964), Jorge Oteiza (1908-2003), Alvaro Perdices (°Madrid/1971), Pablo Picasso (1881-1973), Vicente López Portaña (1772-1850), Sergio Prego (°San Sebastian/1969), Antonio Saura (1930-1998), ,José Luis Gutiérrez Solana (1886-1945), Joaquim Sorolla (1863-1923), Delhy Tejero (1904-1968), Eugenio Lucas Velazquez (1817-1870) & Ignacio Zuloaga (1870-1945).

« Clotilde » (Joaquín Sorolla y Bastida) © « Europalia Espana »-« Bozar »
Notons, dans la dernière salle, un dialogue entre des oeuvres de Goya et de Picasso, ayant trait à la tauromachie, chère aux Espagnol.e.s, avec, notamment une scène identique, telle que peinte par chacun des deux artistes.
« Légèreté et Audace » (Francisco de Goya) © « Europalia Espana »-« Bozar »
L’Exposition, « Luz y Sombra. Goya & le Réalisme espagnol », nous est présentée dans le cadre d’ « Europalia Espana » , 40 ans après une première organisation, en 1985, d’ « Europalia », consacrée à l’Espagne, « Europalia » ayant été fondé, en 1969, avec « Europalia Italia ». Pour cette 30e édition d’ « Europalia », outre les nombreuses expositions, pas moins de 150 événements , jusqu’en février 2026, mettant en lumière la richesse culturelle de l’Espagne, à travers l’architecture, les arts visuels, le cinéma, la danse, la littérature, la musique, la performance , le théâtre, avec la présence de 120 artistes.
... Et Maral Kekejian & Dirk Vermaelen, les deux directeurs artistiques de ce Festival d’écrire : « ‘Europalia Espana’ représente une occasion unique de plonger dans le patrimoine culturel et artistique de l’Espagne, tout en réfléchissant aux enjeux contemporains mondiaux, à travers le prisme de l’œuvre de Goya. En tissant des récits historiques, avec des expressions artistiques contemporaines, le Festival invite le public à explorer les complexités de l’identité, de la communauté et de la démocratie en Espagne et au-delà. En célébrant ce cap, nous nous réjouissons des connexions et des dialogues qui émergeront, enrichissant notre compréhension du passé tout en inspirant les générations futures à poursuivre la conversation. »
Libre à nous de compléter notre visite de “Luz y Sombra: Goya and Spanish Realism” avec son catalogue, en anglais, édité par « Pelckmans » (couverture rigide/256 pages/210 x 300 mm/2025 : 44€50), qui nous offre un regard nouveau sur l’héritage de Goya et nous montre comment son œuvre a influencé l’art espagnol du XVIIIe jusqu’au XXIe siècle, ce catalogue combinant des essais approfondis avec une sélection d’images soigneusement choisies, nous apportant un éclairage nouveau sur Goya comme étant “le dernier des anciens maîtres et le premier des modernes.”
Ouverture : jusqu’au dimanche 11 janvier 2026, du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Ouverture tardive : les jeudi 08 & vendredi 09, de10hà 22h. Prix d’entrée : 18€ (16€, dès 65 ans / 14€, pour les détenteurs de la carte « MyBozar » / 13€, de 18 à 25 ans / 9€,en intervention majorée & pour les détenteurs, de 18 à 25 ans, de la carte « MyBozar » / 0€, pour les moins de 18 ans, pour toute personne en fauteuil roulant & malvoyant & son accompagnant.e, pour les détenteurs d’une carte « MuseumPASSMusées » ou « Brussels Card »). Catalogue (« Editions Pelckmans »/2025) : 44€50. Contacts : info@bozar.be. Sites web : https://www.bozar.be/fr/calendrier/luz-y-sombra-goya-et-le-realisme-espagnol & https://europalia.eu/fr/espana.
Yves Calbert.


