A “Bozar”, jusqu’au 10 Août : “When we see Us”, la Peinture panafricaine

Ayant quitté le « Musée d’Art contemporain Zeitz MOCAA »au Capen Afrique du Sudaprès avoir été présentée au « Kunst Museum », à Bâle, en 2024, nous découvrons, jusqu’au dimanche 10 août, à 19h, à Bruxelles, au « Palais des Beaux-Arts » (« Bozar »), l’exposition « When we see us » (« Quand nous nous voyons »), célébrant un siècle de peinture panafricaine, avec des oeuvres d’artistes africains nous venant d’Afrique du Sud, du Bénin, du Brésil, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de Cuba, des Etats-Unis, d’Ethiopie, de France, du département français de la Gouadeloupe, d’Haïti, du Kénya, de Mozambique, du Nigeria, de l’Ouganda, de la  République Démocratique du Congode la République Dominicainedu Royaume-Unidu  Sénégalde Tanzaniedu Zimbabwe, …

« Une soirée à Mazowe » © Kudzanai-Violet Hwami/2019

« When we see Us » – dont les commissaires sont la conservatrice zimbabwéenne de la section  Afrique globale, au « Royal Ontario Museum », Tandazani Dhlakama, & Koyo Kouoh (1967-2025), feu la directrice exécutive et conservatrice en chef suisso-camerounaise du  « Musée d’Art contemporain Zeitz MOCAA » – nous offre un regard riche et nuancé sur la vie et la pensée noire, soulignant la charge politique, l’essence & la résilience de la joie de vivre noire.

Ces deux commissaires écrivirent : « Cette exposition refuse de mettre la douleur et l’injustice au premier plan et nous rappelle au contraire que l’expérience noire peut aussi être perçue à travers le prisme de la joie. En célébrant la manière dont les artistes d’Afrique et de sa diaspora ont imaginé, positionné, commémoré et revendiqué les expériences africaines et afrodescendantes, l’exposition contribue au débat critique sur les mouvements de libérationintellectuels et philosophiques africains et noirs. » 

Notre collègue Jean-Marie Wynants, pour « Le Soir », écrit : « Le titre ‘When we see Us’ s’inspire du titre d’une ­mini-série ‘Netflix’, ‘When they see Us’ (‘Quand ils Nous voient’) dans laquelle la réalisatrice américaine Ava DuVernay Long Beah/1972) explorait la manière dont les Blancs  perçoivent les jeunes Noirs innocents comme de potentiels criminels. En remplaçant le ‘They’  (‘ils’) par ‘We’ (‘nous’), l’exposition invite à découvrir comment les Noirs, où qu’ils soient dans le monde, se voient et se représentent par le biais de la peinture. Avec, dans les choix des deux curatrices, la volonté de se concentrer sur la vie quotidienne et sur la ‘puissance de la joie’, plutôt que sur les thèmes habituels du colonialisme, du racisme ou de la violence. »

Cinthia Sifa MULANGA (1997, Lubumbashi, DRC) Wait your turn – Competitive Sisterhood, 2021, Techniques mixtes sur toile. Courtesy of Serge Tiroche and the Africa First Collection.

« Attendez votre Tour » © Cinthia Sifa Mulanga/2021

Cette exposition – de 155 peintures – regroupées autour de six thèmes (l’émancipation & le  triomphele quotidienla joie & la fêtele repos, la sensualité, ainsi que la spiritualité) –réalisées par 120 artistes africains – met en lumière les relations entre artistes et œuvres d’art, à travers des contextes conceptuelsgénérationnels géographiques, favorisant une  compréhension plus approfondie d’une généalogie complexe et sous-représentée, ancrée dans les modernités africaines et noires.

En se concentrant sur ces thèmes, l’exposition offre un regard riche et nuancé sur la vie et la pensée noires, soulignant la résilience, l’essence et la charge politique de la joie noire. Elle met en lumière les relations entre artistes et œuvres d’art à travers des contextes géographiques, générationnels et conceptuels, favorisant une compréhension plus approfondie d’une généalogie complexe et sous-représentée, ancrée dans les modernités africaines et noires« When we see Us » encourage le débat sur la libération noire et les mouvements intellectuels, et célèbre les expériences africaines et de la diaspora africaine contribuant à l’histoire de l’art. 

Œuvre de Chéri Chérin, intitulée « Révolution Obama », datant de 2009. Cette fresque murale vibrante, intitulée « Révolution Obama », met en scène Barack et Michelle Obama au centre, entourés de symboles de la culture américaine, de personnages historiques et d'un aigle. L'œuvre mêle des teintes bleues et vertes, symbolisant le changement et l'unité.

« Obama Revolution » © Chéri Chérin/2009/Collection Jorge M. Pérez/Miami

, en 1954, à Kinshasa, la capitale de la RDR (République Démocratique du Congo), Chéri Chérin n’hésite pas à s’intéresser à une politique américaine bien différente de l’actuelle, rendant hommage au couple Barack & Michelle Obama, avec un clin d’oeil sur le président américain assassiné Abraham Lincoln, à la base de la suppression de l’esclavage aux Etats-UnisNelson Mandela n’étant pas oublié, lui qui mit fin à l’apartheid, en Afrique du Sud.

Thenjiwe Niki Nkosi (b.1980, New York City, USA) Ceremony 2020, Huile sur toile. Courtesy of Homestead Collection.

« Cérémonie » © Thenjiwe Niki Nkosi/2020

Comment les artistes d’Afrique et de sa vaste diaspora ont-ils représenté la vie quotidienne au cours du siècle dernier ? Cette exposition phare offre une riche variété de réponses à cette question, présentant un kaléidoscope de la peinture figurative noire, depuis les années 1920

Inspiré par la série « When they see Us » d’Ava DuVernay, le titre de l’exposition « When we see Us » reflète une perspective fondamentale explorant l’autoreprésentation des Noirs et les subjectivités noires à l’échelle mondiale.

« Two Reclining Women » © Zandile Tshabalala/2020 © Zandile Tshabalala Studio

L‘exposition comprend également une chronologie graphique – de la Révolution haïtienne au mouvement « Black Lives Matter » – nous offrant un aperçu du processus de recherche collaborative et consultative de l’exposition., nous permettant de mieux comprendre comment la  littérature, les festivals, les événements politiques et d’autres moments clés ont contribué à façonner la vision que les Africains et la diaspora ont d’eux-mêmes aujourd’hui.

« Le Modèle noir » © Roméo Mivekannin/2019, d’après Félix Vallotton © « Sabam »/2024

Réalisées entre 1930 & 2023155 œuvres, de 118 artistes (tous africains, d’origine africaine ou membres de la diaspora) en provenance de 17 pays, des 5 continents, sont à découvrir, 52 prêteurs  ayant permis cette exposition,

« When we see Us » – présentée sous le patronage de la reine Mathilde – encourage le débat sur la libération noire et les mouvements intellectuels, célèbrant les expériences africaines et de la diaspora africaine contribuant à l’histoire de l’art. 

Martha Da’ro regardant « J’espère que tu as déjà parler de nous à ta Mère » © Tiffany Alfonseca/2020 © Ph. : « Bozar »

Ouverture : jusqu’au dimanche 10 août, du mardi au dimanche, de 11h à 19h. Prix d’entrée (incluant un guide du visiteur) : 18€ (16€, dès 65 ans / 9€, de 18 ans à 29 ans / 2€, de 6 à 17 ans / 0€, pour les moins de 6 ans). Prix d’entrée combiné avec l’expo « Berlinde De Bruyckere » (incluant les deux guides du vissiteur) : 25€Réservations : tickets@bozar.beContacts : info@bozar.be02/507.82.00Site web : https://www.bozar.be/fr.

*** Exposition « Berlinde De Bruyckere. Khorós »accessible jusqu’au dimanche 31 août.

L’artiste belge Berlinde De Bruyckere Gent/1964) nous présente une sélection de ses œuvres des 25 dernières annéesen dialogue avec le travail d’artistes, qui partagent ses valeurs et qu’elle décrit comme ses « compagnons de route », le mot grec « Khorós » (« χορός ») désignant les  chanteurs et danseurs dans les tragédies grecques.

Avec des œuvres de Peter Buggenhout Dendermonde/1963), Lucas Cranach l’ancien (1472-1553)Pier Paolo Pasolini (1922-1975) & Patti Smith Chicago/1946), l’exposition est une  combinaison de voixde thèmes communs et de dialogues.

*** « Luz y Sombra. Goya et le Réalisme espagnol »du mercredi 08 octobre 2025 jusqu’au dimanche 01 février 2026, dans le cadre de la 30è édition d’ « Europalia »intitulée « Europalia Espana ».

Cette exposition rassemblera des gravures et peintures de Francisco Goya (1746-1828) provenant de collections du monde entier, mises en dialogue avec des œuvres de ses contemporains, mais également d’artistes de générations plus récentes, jusqu’à nos jours. L’ensemble explore l’héritage formelconceptuel et idéologique de Goya, dont l’œuvre a largement contribué à bâtir l’imaginaire collectif, autour de ce qui est perçu comme « espagnol » et continue encore d’émouvoir, d’inspirer & d’intriguer.

Yves Calbert.