La couverture de la BD Quick and Flupke les représentant, l'un tenant un ballon rouge et l'autre avec de nombreux paquets dans les bras

© « Hergé-Tintinimaginatio 2025 »

Lancés à la conquête des jeunes lecteurs du « Petit Vingtième » (un supplément hebdomadaire au quotidien « Le Vingtième Siècle »), quelques mois à peine après que « Tintin et Milou » y firent leur apparition, « Quick et Flupke » en devinrent, à raison de deux pages, sur 8, puis 16, par semaine, les protagonistes des farces et attrapes concoctées par leur créateur. Après la disparition du « Petit Vingtième« , en mai 1940, « Quick et Flupke » virent certains de leurs « exploits », redessinés par Hergé (Georges Remi/1907-1983), paraître dans un quotidien flamand, « Het Algemeen          Nieuws »puis dans le tout jeune « Journal Tintin » (1946-1988) et, enfin, après avoir été mis en couleur, dans une série d’albums de petit format.

© « Hergé-Tintinimaginatio 2025 » © Photo : Fabien Sebo

Héritiers d’une tradition qui, de « Max et Moritz »  (1865/Wilhelm Busch/1832-1908) à « Hans et Fritz, des Katzenjammer Kids »  (1897/  Rudolph Dirks/1877-1968), met en scène les frasques des enfants  face aux adultes, les « Gamins de Bruxelles » s’imposèrent dans l’oeuvre d’Hergé comme l’antithèse des  aventures du vaillant reporter et de son chien bavard. En effet, reposant la plupart du temps sur des  arguments réduits à leur plus simple expression, les plaisanteries des deux garnements  permirent à Hergé de donner libre cours à son humour le plus débridé et de développer son  extraordinaire invention graphique, allant même, parfois, jusqu’à réaliser des gags totalement muets, se jouant des codes mêmes de la bande dessinée.

© « Hergé-Tintinimaginatio 2025 » © Photo : Fabien Sebo

La présente exposition, placée sous le regard mitigé de l’ « Agent N°15 », tout à la fois bonasse et  roublard, présente un modeste florilège de la production « quicketflupkesienne » d’Hergé, tout au long des années 1930, qui sont illustrées, dans la première salle, par une série de cartes postales, en noir-et-blanc, de cette époque. Comme Jacques Brel (1929-1978) le chantait si bien : « C’était au temps où Bruxelles bruxellait /Place de Brouckère, on voyait l’omnibus/Avec des femmes, des messieurs en gibus/…

Lors de la visite de presse, avant la découverte de l’exposition, Éric Verhoest, le galeriste-fondateur de la « Galerie Champaka », tint à souligner que, créée en 2010, sa Galerie bruxelloise (il a fondé, en 2013, une Galerie éponymeà Paris, au N° 67 de la rue Quincampoix), spécialisée en bandes dessinées, a exposé nombre d’adeptes de la « ligne claire », la présence d’Hergé s’imposant donc, célébrant, ainsi, avec brio, le 15è anniversaire de cette importante Galerie du quartier du  Sablon, alors que la date d’ouverture au public de la présente exposition, le 22 mai 2025, correspond au 118è anniversaire de la naissance d’Hergé.

Spécialiste de l’oeuvre d’HergéDominique Marique se devait de souligner l’importance, dans l’oeuvre d’ Hergé, de sa création de Quick, en 1930, seul, au départ, mais bientôt rejoint par Flupke.

Comme nous le disait, ensuite, Philippe Fontaine, archiviste aux « Studios Hergé » « Si Hergé a dit à plusieurs reprises  ‘Tintin, c’est moi’, ‘Quick et Flupke’ sont aussi un peu Hergé … Avec eux, Hergé se lâche, tout en restant toujours serein,  retrouvant son âme d’enfant, avec un ‘Agent N° 15’, tour à tour victime ou complice (on le voit même jouer avec un train électrique) de ces ‘Gamins de Bruxelles’, ayant rédigé ces gags, comme dans un cahier d’écolier, avec des fautes, voulues, d’orthographe, Hergé nous surprenant toujours, là où l’on ne l’attend pas … L’on parle toujours de ‘tintinomania’ ou  ‘tintinophiles’, nul n’évoque une ‘quicketflupkemania’ ou des ‘quicketflupkenophiles’ « .

© « Hergé-Tintinimaginatio 2025 » © Photo : Fabien Sebo

Alors que dans le première salle, nous trouvons différentes couvertures, avec des illustrations en format carré, du « Petit Vingtième » (1928-1940), avec la présence de « Quick et Flupke », dans la seconde salle, nous découvrons les planches originales de quelques gags, parfois surprenantsvoire à la limite de l’absurde, comme celui où l’on voit un automobiliste ne parvenant pas à faire démarrer son véhicule. Ayant tombé la veste, sa chemise portant des traces de cambouis, pour vérifier l’état du moteur, il est désespéré, … alors que, tout simplement, le pare-choc arrière de sa voiture avait été attaché à un réverbère, par les deux « Gamins de Bruxelles » …

Proche de cette planche, nous trouvons une affiche du 23 janvier 1930, Quick interpellant les lecteurs du « Petit Vingtième »  : « Bonjour les copains, vous ne me connaissez pas ? … Hé bien, je suis Quick,  gamin de Bruxelles, et, à partir d’aujourd’hui, je suis, ici, chaque jeudi, pour vous raconter ce qui m’est arrivé pendant la semaine. »

© « Hergé-Tintinimaginatio 2025 » © Photo : Fabien Sebo

Quand ont lit Bruxelles, contrairement à ce que l’on dit souvent, la plupart de leurs gags ne se déroulent pas dans le quartier des Marolles, mais bien à Etterbeekville de naissance d’Hergé (sa maison étant parfois dessinée), et à Ixelles.

Mieux encore, sans doute unique dans l’histoire de la BD, l’on découvre – suite à un appel téléphonique d’un des « Gamins de Bruxelles », demandant l’appui d’Hergé (« je vais avoir une contravention, vous allez arranger cela ») – la main (en grand format) de ce dernierdessinéeintervenant pour gommer un stationnement interdit. Ainsi, l’ « Agent N° 15 » ne peut plus verbaliser « Quick et Flupke », ne comprenant plus rien, puisque le panneau de ce stationnement interdit, était devenu vierge …

© « Hergé-Tintinimaginatio 2025 » © Photo : Fabien Sebo

© « Hergé-Tintinimaginatio 2025 » © Photo : Fabien Sebo

Moins amusant, historiquement, nous découvrons « Quick et Flupke » maquillés en Adolf Hitler (1889-1945) et Benito  Mussolini (1883-1945). L’occasion de signaler que l’hebdomadaire « Le Petit Vingtième » ayant cessé d’être éditéseconde guerre mondiale oblige, dès 1940, les trois derniers gags des deux          « Gamins de Bruxelles » furent publiés, en 1940 & 1941, dans « Le Soir volé » (1940-1944) …

Malgré le succès remporté par ses deux jeunes héros, Hergé ne créera plus de nouveaux gags, mais revint sur les gags édités en noir-et-blanc, par « Le Petit Vingtième »sur des pages de grands formats, pour les publier, dans un format plus restreint, afin d’être édités par « Casterman », une société alors sise à  Tournaiqui, entre 1949 et 1969, édita, en couleurles onze albums de leurs gags (40 gags par album de 80 pages), Hergé s’étant mis à l’ouvrage, comme il le fit pour les premiers albums de « Tintin », afin d’adapter ses dessins, d’abord pour un autre format, puis pour la couleur, utilisant l’aquarelle et la  gouache, cette progression étant illustrée par l’accrochage (confié à « Tintinimaginatio » {ex-              « Moulinsart »}, qui gère les droits commerciaux de l’œuvre d’Hergédes trois versions d’une même planche.

Si certains lecteurs peuvent s’étonner, dans « Quick et Flupke », de l’humour d’Hergé, soulignons ce que sa seconde épouse,  Fanny Vlamynck-Rodwell (°1934)écrivit : « Hergé pouvait être aussi bien  joyeux que sérieux … Il avait un réel sens de l’humain. »

© « Hergé-Tintinimaginatio 2025 » © Photo : Fabien Sebo

« Les nouveaux Exploits de Quick et Flupke, Gamins de Bruxelles » sont à découvrir jusqu’au samedi 14 juin, à la  « Galerie Champaka », sise au N° 27, de la rue Ernest Allard, donnant sur la place du Grand Sablon.

Ouverture : du mercredi au vendredi, de 13h30 à 18h30, et le samedi, de 11h30 à 18h. Entrée libreContacts : 02/514.91.52, 0495/48.58.06 & sablon@galeriechampaka.comSite web :   https://www.galeriechampaka.comLien sur le site web : https://www.tintin.com/ https://www.tintin.com/fr/news/6311/quick-et-flupke-sexposent/.                                    

N’hésitons pas, à l’occasion, voire le même jour, de nous rendre au « Musée Hergé », à Louvain-la-Neuveà la proximité immédiate de la Gare ferroviaire, afin de découvrir, entre autres, d’autres gags de « Quick et Flupkte », ce muséesur plusieurs étagesparcourant l’ensemble de la carrière d’Hergé. Ouverture : du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Fermeture exceptionnelle : le jeudi 05 juin. Contacts :  010/48.84.21 & info@museeherge.beSite web : https://museeherge.be.

Yves Calbert, avec, comme 3 premiers paragraphes, le communiqué de presse d’ « Hergé-Tintinimaginatio 2025 ».