Des questions sur l’#agriculture #bio

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Après 30 années d’une croissance sans interruption, l’agriculture biologique traverse une crise sans précédent. En cause, la crise économique mondiale, la multiplication de nouveaux labels mais aussi et surtout une grande défiance des consommateurs à l’égard d’une certification biologique européenne que certains jugent trop permissive.

 

Pour accompagner l’hyper croissance du bio, le secteur s’est industrialisé à marche forcée. Fermes bios géantes comprenant plusieurs milliers de vaches, utilisation massive de biopesticides, monoculture sous serre, l’agriculture biologique n’est plus la garantie d’exploitations familiales respectueuses de l’environnement et du bien-être animal. Longtemps plébiscitée par les consommateurs européens, l’agriculture biologique traverse une crise sans précédent. En 2023, 10 % des magasins spécialisés en France ont mis la clef sous la porte, entraînant dans leur chute de nombreux agriculteurs. Certains l’accusent d’avoir rompu avec ses valeurs.

 

A mesure que le bio est devenu populaire, son cahier des charges s’est agrandi. Le secteur s’est même intensifié à marche forcée. En Allemagne, les élevages géants se multiplient. Il n’est plus rare de voir sortir de terre des fermes comptant 1.500 vaches laitières bio ! Cette concentration animale, inspirée des exploitations conventionnelles, entraîne de nombreux scandales sanitaires. Animaux blessés, établissements vétustes, ce documentaire révèle de l’intérieur une des facettes les plus sombres de l’agriculture biologique. La situation est devenue alarmante aux yeux de certaines ONGs comme Foodwatch. En 2023, l’organisation a publié un rapport choc : 50% des vaches bio seraient victimes d’inflammation, 35% des porcs bio présenteraient des pathologies physiques, 97% des poules pondeuses souffriraient de fractures osseuses.

 

Ces dérives sont le fruit de l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché : les géants de la grande distribution. Aujourd’hui, 1 produit bio sur 2 est commercialisé en hypermarché. Pour baisser les coûts de production, le secteur s’est internationalisé. La place forte de l’agriculture bon marché se trouve en Espagne dans la région d’Alméria, surnommée la mer de plastique pour ses millions de km² de serres. Le film dévoile les dessous d’une production qui exploite dangereusement autant les sols que les hommes.

Sur place, de nombreux travailleurs se plaignent entre autres de l’utilisation massive de biopesticides sans protection. Car si l’agriculture biologique est garantie « sans pesticide de synthèse », elle s’étend peu sur son utilisation de plus en plus systématique de pesticides dits « naturels ». Le marché représente 4 milliards d’euros par an et croît chaque année de 10%. Un secteur florissant que convoitent les géants de la pétrochimie comme Bayer, BASF, Corteva. Ce documentaire révèle que certains composants de ces produits ont des effets neurotoxiques, d’autres sont classés comme potentiellement perturbateurs endocriniens.

Réalisation : Rémy Delecluse – Production : Arte France /

Diffusion : 14 novembre 2024 à 22h35 sur La Une RTBF