Une victoire républicaine et les perspectives de l’administration Trump
Avec la victoire du Parti républicain lors de l’élection américaine de 2024, Donald Trump s’apprête à entamer un second mandat à la Maison-Blanche, soutenu par un Congrès également contrôlé par les Républicains. Les 100 premiers jours de sa présidence pourraient donc être riches en réformes susceptibles de remodeler l’économie américaine, offrant de nouvelles opportunités tout en créant des risques pour certains secteurs.
Quel impact sur l’économie ?
L’administration Trump dispose de leviers d’action immédiats, notamment en matière de tarifs douaniers, d’immigration et de déréglementation. Toutefois, des modifications de grande ampleur, à l’image de baisses d’impôts plus profondes ou de réorientations budgétaires majeures, nécessiteront le vote du Congrès.
La portée de ces réformes dépendra à la fois de leur envergure et de leur ordre de mise en œuvre. Par exemple, l’instauration d’une taxe universelle à l’importation (de l’ordre de 10 à 20 %) et l’imposition de tarifs élevés sur les produits chinois pourraient générer une hausse de l’inflation aux États-Unis et peser sur la croissance du PIB. Ces mesures pourraient néanmoins être révisées, voire atténuées, en raison d’éventuels recours judiciaires ou de compromis politiques.
En parallèle, l’extension ou l’élargissement des baisses d’impôts adoptées en 2017 fait partie des points d’attention à surveiller, car elles risquent d’alourdir la dette publique. À plus long terme, des niveaux d’endettement élevés pourraient freiner la croissance, la charge des intérêts limitant d’autres dépenses prioritaires.
Les secteurs à suivre de près
Les marchés financiers ont d’abord réagi positivement à ce nouveau « balayage républicain ». Mais il est possible que des politiques moins ambitieuses que prévu en matière de déréglementation et de baisse d’impôts provoquent un sentiment de déception, façonnant ainsi de futurs gagnants et perdants parmi les différentes industries.
Énergie
Le secteur de l’énergie pourrait bénéficier d’un contexte plus favorable pour les énergies fossiles. Les efforts de déréglementation annoncés par Trump avantageraient notamment l’exploitation d’hydrocarbures, bien que l’offre excédentaire et le ralentissement de la demande mondiale, en particulier celle en provenance de Chine, continuent de peser sur les cours du pétrole.
En revanche, le gaz naturel jouit d’une trajectoire potentiellement plus dynamique, portée par la demande européenne et l’essor des data centers et de l’intelligence artificielle, qui nécessitent d’importantes capacités énergétiques. Concernant les énergies vertes, si l’administration Trump modifie ou réduit les crédits d’impôts accordés sous l’Inflation Reduction Act de 2022, cela pourrait compromettre partiellement l’élan de la filière, même s’il paraît improbable qu’elle renonce totalement à des mesures créant des emplois, y compris dans des États républicains.
Défense
Les dépenses de défense devraient rester élevées compte tenu des tensions géopolitiques, même si les entreprises européennes du secteur ont jusqu’à présent surperformé leurs homologues américaines. Cette dynamique tient principalement à l’incertitude concernant l’engagement à long terme des États-Unis envers l’OTAN, ainsi qu’à l’augmentation des budgets de défense d’autres pays membres, motivée par la crise russo-ukrainienne.
Par ailleurs, les progrès technologiques (cybersécurité, IA, drones) favorisent de nouveaux acteurs spécialisés, au détriment éventuel des grands groupes de défense traditionnels.