« Il est encore temps de sauver les Indiens d’Amazonie. Agissons! » (Sebastiào Salgado).
« Cette exposition a pour vocation de nourrir le débat sur l’avenir de la forêt amazonienne. Nous devons le mener tous ensemble, dans une optique internationale, et avec le concours des organisations indigènes » (Sebastiào Salgado).
« Plus que jamais, je sens que la race humaine est une. Au-delà des différences de couleur, de langue, de culture et de possibilités, les sentiments et les réactions de chacun sont identiques. Les gens fuient les guerres, pour échapper à la mort ; ils émigrent, pour améliorer leur sort ; ils se forgent de nouvelles existences dans des pays étrangers : ils s’adaptent aux pires situations » (Sebastiào Salgado).
Contenu de cette importante exposition :
- plus de 200 photographies, rendant compte de la grandeur et de la beauté de l’Amazonie et des peuples qui l’habitent.
- trois « ocas », éléments de la scénographie, abritant vidéos et photographies, ces « ocas » étant inspirés des maisons communautaires d’autochtones de l’Amazonie.
- sept rencontres avec des chefs de tribus, livrant, en vidéos, leurs témoignages sur la nécessité de sauver leur culture et leur environnement.
- deux petites salles de projections, nous proposant des montages sur la forêt amazonienne, d’une part, & sur les autochtones, d’autres part, avec une création musicale de Rodolfo Stroeter (°1958) & lecture d’ « Erosão », un poème symphonique d’Heitor Villa-Lobos (1887-1959).
- une partition musicale de Jean-Michel Jarre, composée (50′, en boucle) à partir des archives sonores du « MEG » (« Musée d’Ethnographie de Genève »), inspirée par l’impressionnisme de Claude Debussy (1862-2018), la « Symphonie Pastorale“, de Ludwig van Beethoven (1770-1827) & la musique africaine.
Propos de l’auteur-compositeur français Jean-Michel Jarre (°Lyon/1948) :
A peine sommes-nous entrés dans la première salle, que nous sommes envoûtés par l’approche musicale du compositeur français Jean-Michel Jarre – nommé, en 1993, ambassadeur à l’ « UNESCO » -, qui, en 2021, déclarait à Annie Yanbekian, au micro de « France Info » : « Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est la dimension de déambulation qu’il y a dans la forêt. On ne fait qu’y passer. Les éléments sonores qui apparaissent et disparaissent deviennent immédiatement des formes de vestiges de notre propre mémoire. Il fallait que, dans l’exposition, ces sons en fassent de même. »
… Et de poursuivre : « La forêt amazonienne est très bruyante. Mais tous les sons d’une forêt sont indépendants les uns des autres. C’est le contraire d’une orchestration, où ils sont faits en fonction les uns des autres. Un oiseau qui chante n’a pas conscience du son de la pluie qui tombe sur une pierre, de gens qui parlent au pied d’un arbre … Et pourtant, tous ces sons forment une harmonie globale pour l’oreille humaine. L’idée a été d’établir une forme de boîte à outils avec des éléments concrets, électroniques, naturels, organiques, certains enregistrements inédits, provenant des archives personnelles de quatre chercheurs anthropologues. »
« J’ai approché l’Amazonie avec respect, d’une manière poétique et impressionniste. Plutôt que d’essayer d’être fidèle à tel groupe ethnique, j’ai établi une sorte de boîte à outils, contenant des éléments musicaux – orchestraux ou électroniques – destinés à recréer ou évoquer le timbre de sons naturels, auxquels s’ajoutent des sons issus de l’environnement, et, enfin, des sources ethniques (chants, instruments, voix) issues de fonds sonores du ‘MEG’ (‘Musée d’Ethnographie de Genève’) », confia-t-il à notre collègue Jean-Yves Leloup.
« Il me semblait intéressant de fantasmer la forêt, qui charrie un puissant imaginaire. Il fallait reprendre des principes d’orchestration des sons de la nature, travaillés à partir de sons, qui se succèdent de façon aléatoire, mais qui peuvent composer une harmonie ou une dissonance. Et comme dans toute symphonie, l’œuvre possède ses moments de clarté ou de tension. »

Jeune-fille de l’ethnie Suruwaha (Etat d’Amazona/Brésil © Ph. : Sebastião Salgado/2017
« J’ai choisi les éléments vocaux et sonores dans leur dimension évocatrice, plutôt que d’essayer d’être fidèle à tel groupe ethnique. Il me semblait intéressant de fantasmer la forêt. Elle charrie un puissant imaginaire, tant pour les Occidentaux que pour les Amérindiens. Cette musique évoque aussi une forme de nomadisme, comme si les sons apparaissaient et disparaissaient au fil d’une transhumance. »
« Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est la dimension de déambulation qu’il y a dans la forêt. On ne fait qu’y passer. Les éléments sonores, qui apparaissent et disparaissent, deviennent, immédiatement, des formes de vestiges de notre propre mémoire. Il fallait que dans l’exposition, ces sons en fassent de même. »

Archipel fluvial de Mariuá, Rio Negro. Etat de Amazonas © Ph. : Sebastião Salgado/2019
« En parcourant l’exposition, nous écoutons des extraits de la « 6e symphonie pastorale de Beethoven, l’impressionnisme de Debussy, certaines musiques africaines aussi, qui peuvent utiliser des instruments qui imitent le son de la nature. Il ne faut pas oublier qu’une grande partie des premiers instruments a été conçue pour imiter les sons de l’environnement. Les musiques électroniques et instrumentales, souvent descriptives, suscitent l’imaginaire. »
« Nous avons opté pour une stéréo classique en nous efforçant d’atteindre une qualité de restitution de l’œuvre à bas niveau. Nous avons aussi apporté une grande attention aux basses fréquences, qui sont plus importantes que l’on ne l’imagine dans un paysage forestier. Elles sont diffusées à l’aide de haut-parleurs répartis dans l’espace. »
« Le parcours de l’exposition a été conçu comme un voyage en forêt. On y entre peu à peu, depuis les airs et en bateau. On suit le fleuve, puis on pénètre la forêt, qui devient de plus en plus touffue. »
Présentation de Jean-Michel Jarre :
Ayant vendu plus de 85 millions de disques dans sa carrière, il avait réussi, un 1968, une licence en littérature comparée, abandonnant le conservatoire, il effectua un stage du « GRM » (« Groupe de Recherches Musicales »), un organisme créé par le chercheur-compositeur-écrivain français Pierre Schaeffer (1910-1995), considéré comme étant le « père » des musiques concrètes & électroacoustique, ce qui permit à Jean-Michel Jarre d’explorer de nouvelles voies dans la musique, avant d’entamer, en 1972, une carrière solo dans la musique électronique.
A Paris, en 2011, il fut promu« Officier de la Légion d’Honneur ». En 2013, il fut nommé, à Wahington, président de la « CISAC » (« Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs & Compositeurs ») ; à Ibiza, ambassadeur de l’ « AFEM » (« Association For Electronic Music ») ; alors qu’en Allemagne, il reçut un « Steiger Award ». A Amsterdam, en 2014, un « Innovation in Sound Award », lui fut attribué. Notons encore qu’en 2017, il déclara vouloir faire de sa musique un contre-pouvoir face au président américain, Donald Trump.
Déambulation au sein de l’exposition :
Dès l’entrée de l’exposition, nous nous trouvons en pleine Amazonie brésilienne, entourés d’une centaine d’agrandissement photographiques noir et blanc de la forêt amazonienne, avec ses milliers d’arbres, son Rio Negro, son Parc national d’Anavilhanas, son Archipel fluvial de Mariuá, ses chutes d’eau, son Mont Roraima, ses moussons, …, une seconde centaine de photos nous présentant, ensuite, différentes ethnies peuplant l’Amazonie brésilienne.

Mont Roraima (Etat de Roraima/Brésil © Ph. : Sebastião Salgado/2018
Propos de Sebastião Salgado (Sebastian Ribeiro Salgado Junior/1944-2025) :
S’installant plusieurs semaines au sein de villages de dix groupes ethniques, le photographe franco-brésilien Sebastião Salgado (Sebastian Ribeiro Salgado Junior/1944-2025) a photographié ces autochtones. Dans de petites embarcations ou depuis les airs, il réalisa des images, qui révèlent le labyrinthe complexe que forment les affluents sinueux, qui alimentent le fleuve, les montagnes, qui culminent, parfois, jusqu’à 3.000 mètres d’altitude, les cieux gorgés d’eau, qui créent de véritables rivières célestes.
Lisons ce qu’il nous confia, lors de la visite de presse : « Ce vaste territoire s‘étend sur neuf pays d’Amérique du Sud avec une superficie huit fois supérieure à celle de la France. Plus de 60% de cette forêt tropicale, la plus grande au monde, se trouve sur le sol brésilien. Lorsque les navigateurs portugais ont accosté au Brésil, en l’an 1500, une population d’environ cinq millions d’habitants vivait au cœur de cette dense et riche végétation irriguée par d’innombrables rivières. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 370.000, répartis en 188 groupes, qui parlent 150 langues différentes. Et, à ce jour, 144 groupes identifiés n’ont jamais été contactés.«
Îles boisées du Río Negro, dans le Parc national d’Anavilhanas (Etat de Amazonas/Brésil) © Ph. : Sebastião Salgado/2009
« Cela fait cinq siècles que ces ethnies sont décimées par les maladies, amenées par les colonisateurs européens … Leur situation est doublement critique, parce que les territoires reconnus comme d’usage exclusif des populations autochtones sont envahis illégalement par des orpailleurs, des trafiquants de bois ou des fermiers qui s’approprient leurs terres. »
« Cette exposition est le fruit de sept ans d’expériences humaines et d’expéditions photographiques – par la terre, l’eau et l’air – dans une Amazonie encore méconnue qui ne cesse de nous étonner par la culture et l’ingéniosité de ses peuples, par ses mystères, sa puissance et sa beauté inégalée. Grâce à l’impénétrabilité de la jungle, des peuples ont pu préserver pendant des siècles leurs modes de vie traditionnels. Aujourd’hui, les voici gravement menacés, ainsi que la survie de la forêt. »
Chaque année, des dizaines de milliers d’exploitations agricoles augmentent leurs superficies, grignotant l’immense forêt, détruisant peu à peu les territoires indigènes avoisinants. Ces images sont un témoignage de ce qui existe encore, avant que davantage ne disparaisse. Pour que la vie et la nature échappent à l’extermination et à la destruction, il est du devoir des êtres humains de la planète entière de participer à sa protection. »
En 2021, à Annie Yanbekian, au micro de « France Info », il confia : « Quand on retrouve ces communautés dans la forêt, on a une sensation des débuts de l’Humanité. Ils n’ont pas d’agressivité, ils vous attendent avec tant de plaisir, de fête, de curiosité … J’ai fait beaucoup de voyages avec eux dans la forêt, pour des expéditions de pêche ou de chasse, pour lesquelles ils partent une semaine, dix jours. C’est tellement fantastique de pouvoir dormir avec eux dans la brousse. En Amazonie, on ne dort pas parterre, tout le monde prend des hamacs. J’ai toujours à mes côtés un anthropologue ou un traducteur. Ils nous demandent de raconter nos histoires, ils racontent aussi les leurs. Ce sont des nuits phénoménales, faites d’échanges d’une beauté que vous ne pouvez pas imaginer. »

Hamacs, chez les Yanomami © Ph. : Sebastião Salgado
» J’ai travaillé avec des communautés que nous connaissons depuis seulement vingt ans, et même une fois avec un
groupe qui n’avait été contacté que depuis dix-huit mois. Lorsqu’en pleine Amazonie, ceux qui vivent dans la forêt et ceux qui n’y vivent pas se rencontrent, nous nous rassemblons autour des mêmes valeurs humanistes, comme l’amour, la dignité… Arriver en Amazonie, c’est pénétrer dans notre propre espèce. »
« Le Brésil possède deux grands écosystèmes de forêts tropicales : l’Amazonie, qui constitue la moitié du territoire brésilien, et la forêt atlantique, qui s’étale sur environ 3.000 km le long. »
« Entre le moment où le fleuve Amazone rentre au Brésil et celui où il atteint l’océan Atlantique, il parcourt 4.660 kilomètres. Et quand vous avez l’opportunité de faire un survol de l’Amazonie, c’est inimaginable. Combien de fois, en hélicoptère, alors que j’étais en train de prendre des photos, j’ai vu Lélia (son épouse/ndlr) pleurer d’émotion devant cette beauté indescriptible. C’est tellement immense, fantastique, de voir tous ces arbres, ces différents moments de floraison …, ces courants d’humidité colossaux, ces pluies, comme on n’en a jamais vues par ici – on a l’impression d’une explosion atomique – ou ce grand volcan qui entre en éruption … On a fait le choix de présenter une Amazonie vivante. Elle représente plus de 82%, c’est la grande majorité… Mais il y a aussi l’Amazonie morte que je n’ai pas souhaité photographier. »
« L’Amazonie présente un trésor humain inestimable. Et c’est ce trésor, notre trésor à nous tous qui est aujourd’hui gravement menacé, alors que l’ethnie la pus connue, les Yanomanis, ne compte que 30.000 âmes, sur environ 300.000 Amérindiens peuplant cette immense forêt, chaque ethnie possédant une langue différente, une fantastique richesse culturelle, l’Amazonie représentant, aujourd’hui, la plus grande concentration au monde de cultures, avec des approches, des manières de vivre, des variations d’une sophistication incroyable. »
« Ces cultures ont des traditions héritées des Incas qui, sous la pression des Espagnols, il y a 500 ans, sont descendus dans la forêt et n’en sont jamais repartis. J’ai travaillé avec la tribu Zo’é, venue de la côte atlantique brésilienne ; les jésuites en avaient rapporté l’existence en 1580-1600 mais, depuis, on pensait qu’elle avait disparu et puis on l’a retrouvée il y a une vingtaine d’années. Ce peuple a mis plus de 3.000 ans pour migrer de la côte atlantique dans l’État de Bahia, au sud de l’Amazonie. Ils ont apporté avec eux les cultures de Bahia et des Caraïbes, ils sont la mémoire vive de notre histoire. »

Hommes de l’ethnie Zo’é (Etat du Para/Brésil) © Ph. : Sebastião Salgado
« Chez les Zo’é, qui ont manqué d’être décimés par la malaria, les femmes ont parfois quatre maris ! Chez les Kamayura, les hommes, un jour de fête, sont transformés en cochons et chassés à coups de bâtons, par les femmes … Mais ces Amérindiennes & Amérindiens sont comme nous … La seule différence entre eux et nous, c’est qu’ils sont entrés en Amérique il y a vingt mille ans, après la glaciation du détroit de Béring. Nous, les Occidentaux, avons débarqué il y a cinq cents ans, avec la vague des Portugais. »

Des Awà avant la chasse © Ph. : Sebastião Salgado
« La musique populaire brésilienne est diffusée et défendue partout dans le pays. Je chante moi-même énormément de musiques apprises durant ma jeunesse, et je n’ai pu photographier l’Amazonie qu’en chantant. La musique a été mon fil conducteur. Les Indigènes chantent beaucoup, jour et nuit, sauf quand ils chassent. Leur silence doit alors être absolu. Mais lorsqu’ils cultivent, collectent des fruits, ou pêchent, ils chantent énormément. Je me suis donc senti chez moi en Amazonie ; il y a de grandes fêtes très musicales, des échanges et des signes de bienvenue, qui sont comme des discours musicaux. Par exemple, lorsqu’un Indigène – après un voyage qui peut durer une à deux semaines à travers la forêt – arrive pour une fête, il partage son histoire ; l’invité et l’hôte se tiennent épaule contre épaule, le visage côte à côte ; l’un déroule son récit en chantant, et son hôte donne des nouvelles du village qui le reçoit. C’est très beau ! »

Les Arcs de 2 mètres des Awà © Ph. : Sebastião Salgado
» Je suis né dans cette forêt atlantique, regroupant 65% de la surface totale de l’Amazonie. A l’époque, elle était très dense et dotée d’une incroyable biodiversité. Mais d’ici trente ans, tout cela sera terminé, aujourd’hui ne subsistent que 7 % de sa taille initiale. »

Chasse réussie chez les Awà © Ph. : Sebastião Salgado
« J’ai beaucoup travaillé en Asie, notamment en Indonésie, où l’île de Sumatra était recouverte par la forêt ; maintenant, il n’y en a plus, tout ayant été détruit pour cultiver l’huile de palme. Aujourd’hui, dans la partie indonésienne de la Nouvelle Guinée, la Papouasie occidentale, on détruit la forêt beaucoup plus rapidement qu’en Amazonie. La leçon que nous avons tirée de l’Amazonie s’applique donc à la planète entière. »
« Il y a quelques centaines d’années seulement, nous vivions dans la forêt. Nous formons une partie de la nature, de l’espèce animale, de la biodiversité, et nous devons la protéger pour nous protéger nous-mêmes. Nos vies urbaines font de nous les aliens – les étrangers – de notre planète ; il nous faut retourner à la nature. Reconstruisons une partie de ce que nous avons détruit ! »
« Les images satellitaires montrent invariablement une forêt tropicale en grande partie masquée par les nuages. Le jour où la jungle sera parfaitement visible depuis l’espace sera aussi le jour où les ‘rivières volantes’ auront disparu, avec les conséquences catastrophiques, qui en résulteront pour notre planète. »
« Chaque année, des dizaines de milliers d’exploitations agricoles augmentent leurs superficies, grignotant l’immense forêt, détruisant peu à peu les territoires indigènes malheureusement avoisinants. La forêt amazonienne est le seul endroit au monde où le système d’humidité de l’air ne dépend pas de l’évaporation des océans : chaque arbre fonctionne tel un aérateur dispensant des centaines de litres d’eau par jour dans l’atmosphère, créant des rivières aériennes encore plus volumineuses que le fleuve Amazone. »
« L’Amazonie a la capacité de reconstituer sa propre humidité (alors qu’en principe les nuages ne se forment qu’à partir de l’humidité marine). Environ 1.000 litres d’eau s’évaporent quotidiennement de milliards d’arbres, créant ainsi un flux d’humidité dans l’air ambiant bien plus important que les fleuves amazoniens eux-mêmes. Beaucoup de nuages que l’on aperçoit en France viennent de là-bas. »
Autrefois décimées par la malaria, récemment, ces peuples d’Amazonie ont été particulièrement touchés par l’épidémie de la « Covid 19 ». En 2020, afin que des mesures urgentes puissent être prises pour assurer la protection des autochtones, Sebastião Salgado lança une pétition en ligne, qui fut signée, notamment, par le Prince Albert de Monaco, Pedro Almodovar, Juliette Binoche, Naomi Campbell, Guillermo Del Toro, Richard Gere, Nicolas Hulot,« Madonna » (Madonna Louise Ciccone), Paul McCartney, Sylvester Stallone &« Sting » (Gordon Matthew Thomas Sumner).
Suite de notre progression au sein de l’exposition :
Continuant notre progression, au centre de l’expo, nous pouvons pénétrer dans trois reconstitutions de maisons d’autochtones, appelées « ocas ». Si les murs de celles-ci nous permettent de découvrir, regroupées par ethnies, de nombreuses photographies (portraits & scènes nous dévoilant leurs vies de chasseurs, pêcheurs, ...), au centre de chaque « oca », nous trouvons un écran TV, programmant, au total, 7 courts-métrages, tournés, tout juste avant l’épidémie de la « Covid 19 », en Amazonie brésilienne, sous la direction du journaliste brésilien Leão Serva, nous livrant les témoignages de 4 chefs de tribus & de 3 chamans, sur la nécessité de sauver leur culture & leur environnement.

Amérindiens Marubo, dans la Vallée de Javari (Etat de Amazonas/Brésil) © Ph. : S. Salgado/1998
Plus loin, au fond de l’exposition, deux petites salles de projections, équipées, chacune, d’un grand écran, nous dévoilant les deux visages de l’Amazonie : sa forêt, d’une part, & ses habitants, d’autre part :
** « Planeta Amazonia », un diaporama, sorte de poème symphonique, nous apportant l’émotion et le souffle, avec des images célébrant la beauté & la grâce des cieux, fleuves, forêts & montagnes de l’ Amazonie, le choix de Sebastião Salgado étant « Erosão, Origem Do Rio Amazonas » (« Érosion, Origine du fleuve Amazone »), dû à l’illustre compositeur, guitariste & violoncelliste brésilien Erosão de Heitor Villa-Lobos (1887-1959), réputé pour ses « Bachianias Brasileiras » (1930-1945), qui nous restitue, ici, musicalement, les bruissements des arbres, cris des animaux, chants des oiseaux et fracas des eaux, qui se précipitent du haut des montagnes.
** « Retratos-Portraits », un diaporama, consacré aux enfants, femmes & hommes des différentes tribus de ce vaste territoire, la bande son ayant été composée par Rodolfo Stroeter , cette oeuvre musicale mêlant basse acoustique, batterie, électronique, piano & violoncelle, aux chants, jeu de flûte et percussions traditionnelles, interprétés par la chercheuse et artiste Marlui Miranda, spécialiste des cultures amazoniennes.
Sur le côté de ces deux salles, un espace est réservé à l’ « Instituto Terra », une organisation civile à but non lucratif créée en 1998, par Sebastião Salgado & son épouse ont fait planter plus de deux millions d’arbres et ont créé une pépinière de plantes endémiques, pour encourager la reforestation à grande échelle sur leur ferme familiale. Ayant ainsi restauré l‘environnement, ils ont prévu un développement rural durable, dans la Vallée du Rio Doce, ce projet ayant réussi à réintroduire la biodiversité, à récupérer les sources d’eau et à restaurer l’écosystème sur des milliers d’hectares.

Sebastião Salgado & Lélia Wanick Salgado, à l’ « Instituto Terra » © Ph. : « Pigraï Flair »
Ce projet de réintroduction de la forêt primaire, dite forêt atlantique, disparue à 90%, est un exemple de réussite de la restauration d’écosystèmes dégradés, transformant une ferme désolée en une réserve naturelle et un parc écologique. Ainsi, cet « Instituto Terra », en recherche de la nature originelle, a permis la plantation de plus de deux millions d’arbres, en utilisant une pépinière de plus de 100 espèces différentes, assurant la diversité de la forêt renaissante, ce reboisement ayant permis de restaurer l’humidité de la terre et les sources d’eau, qui avaient disparu, entraînant un retour de la biodiversité.
Autrefois décimées par la malaria, récemment, ces peuples d’Amazonie ont été particulièrement touchés par l’épidémie de la « Covid 19 ». En 2020, afin que des mesures urgentes puissent être prises pour assurer la protection des autochtones, Sebastião Salgado lança une pétition en ligne, qui fut signée, notamment, par le Prince Albert de Monaco, Pedro Almodovar, Juliette Binoche, Naomi Campbell, Guillermo Del Toro, Richard Gere, Nicolas Hulot,« Madonna » (Madonna Louise Ciccone), Paul McCartney, Sylvester Stallone & « Sting » (Gordon Matthew Thomas Sumner).
« J’ai beaucoup travaillé en Asie, notamment en Indonésie, où l’île de Sumatra était recouverte par la forêt ; maintenant, il n’y en a plus, tout ayant été détruit pour cultiver l’huile de palme. Aujourd’hui, dans la partie indonésienne de la Nouvelle Guinée, la Papouasie occidentale, on détruit la forêt beaucoup plus rapidement qu’en Amazonie. La leçon que nous avons tirée de l’Amazonie s’applique donc à la planète entière. »
Présentation de Sebastião Salgado :
Ayant réussi une Maitrise en Sciences économique, à l’ « Université de Sao Paulo », au Brésil (1967), il étudia à la « Vanderbilt University », aux États-Unis (1968), avant de réaliser une thèse ès Sciences économiques à l’ « Université de Paris » (1970).
Ayant travaillé pour l’ « International Coffee Organization », à Londres, jusqu’en 1973, année où d’économiste il devint, en autodidacte, photographe, intégrant, successivement, les agences photographiques « Sygma » (1974-1975), « Gamma » (1975-1979) & « Magnum » (1979-1994). En 1994, Sebastião Salgado & son épouse cofondèrent l’agence photographique « Amazonas Image ».
Il est le lauréat de très nombreux Prix, dont 2 « Prix Leica Oskar-Barnack »/1985 & 1992, en Allemagne ; un « Prix UNESCO pour la Culture »/1999, au Brésil ; un « Prix Princesse des Asturies » /1998, en Espagne ; 2 « Infinity Award du Photojournalisme »/1986 & 2021, aux Etats-Unis ; un « Grand Prix national de la Photographie »/1994 & un « Visa d’Or pour l’Image du Figaro Magazine »/ 2021, en France ; un « Praemium Imperiale »/2021, au Japon, un « World Press Photo Award »/ 1985, aux Pays-Bas ( au Royaume-Uni (« Médaille du Centenaire de la Royal Photographic Society »/ 1993 & « Outstanding Contribution to Photography » des « Sony World Photography Awards » /2024, au Royaume-Uni ; & un « Prix de la Fondation Hasselblad »/1989, en Suède.
Fait « Docteur Honoris Causa » en Belgique, en 2021, à l’ « Université de Namur » ; au Brésil, en 2016, à l’ « Université fédérale d’Acre » & à l’ « Université fédérale d’Espirito Santo » ; ainsi qu’aux Etats-Unis, en 2021, à la « Harvard University », Sebastião Salgado fut fait « Commandeur de l’Ordre de Rio Branco », au Brésil, en 2004 ; « Chevalier de l’Ordre du Mérite culturel », à Monaco, en 2018, ainsi qu’en France, « Chevalier l’Ordre des Arts & des Lettres », en 2014, &« Chevalier de la Légion d’Honneur », en 2016.
La scénographie :
En accord avec la commissaire & scénographe, Lélia Wanick-Salgado, c’est la Société belge « Tempora » qui a monté la présente exposition, après avoir, entre autres, présenté : « 14-18, c’est aussi notre Histoire (Bruxelles/ 2014), « 21, rue la Boétie. Picasso, Matisse, Braque, Léger » (Liège/2016 & Paris/2017), « The World of Steve McCurry » (Bruxelles/ 2017, Lyon/ 2019, Antwerpen/2021 & Paris/2021), « Pompeii. Cité immortelle» (Bruxelles/2017, Richmond/2019, Spokane/2020 , Orlando/ 2020, Québec/2021, New-York/2022, Arlington/ 2024 & Lyon/2024), « Bruegel, A poetic Experience » (Bruxelles/2019), « Antoine de Saint Exupéry. Un Petit Prince parmi les Hommes » (Lyon/ 2020, Bruxelles/2022 & Strasbourg /2024), « Warhol. The American Dream Factory » (Liège/ 2020), « Inside Magritte » (Liège/ 2021), « Johnny Hallyday. L’Exposition » (Bruxelles/ 2022 & Paris/2023), « Elliott Erwitt. Une Rétrospective » (Paris/ 2023, Lyon/2023 & Bruxelles/2024 & « Les Mondes de Paul Delvaux » (Liège/ 2024). Ceci, sans oublier que « Tempora » assure la gestion du « Bastogne War Museum », à Bastogne, du « Mudia », à Redu & du « Musée Maillol », à Paris.
En conclusion :
Si nous aimons la photographie, la nature et/ou l’ethnologie, la découverte de cette superbe exposition s’impose, avec une pensée particulière pour ce grand photographe, Sebastião Salgado, si proche de la nature et de l’humain, qui, encore bien présent lors de la visite de presse, le jeudi 03 avril, vient de nous quitter, il y a moins cinq mois, le vendredi 23 mai 2025.
Pensons à ce queJair Bolsonaro, président du Brésil, de 1991 à 2019, déclara, scandaleusement, en 1998, à un journaliste du « Correio braziliense » : « Quel dommage que la cavalerie brésilienne ne se soit pas montrée aussi efficace que les Américains. Eux, ils ont exterminé leurs Indiens. »
A l’inverse, prenons conscience de ce que Sebastião Salgado écrivit, dans l’un de ses ouvrages : « Je souhaite, de tout mon coeur, de toute mon énergie, de tout ce qui vit intensément en moi, que, d’ici à 50 ans, ce livre ne ressemble pas à un registre d’un monde perdu. ‘Amazônia’ doit continuer à être. Et en son coeur, ceux qui y vivent« .
Ouverture : au « Shed 4bis » de « Tour & Taxis », jusqu’au mardi 11 novembre, du mardi au dimanche, de 10 à 18h, le lundi durant les vacances scolaires & en cas de lundi férié, de 10h à 18h. Prix d’entrée : 17€50 (14€, pour les enseignant.e.s, dès 65 ans & par personne d’un groupe de minimum 15 personnes / 11€50, de 6 à 18 ans, pour les étudiant.e.s & les personnes en situation de handicap / 8€, par étudiant pour les groupes scolaires / 1€25, pour les « Art. 27 » / 0€, pour les moins de 6 ans /45€, le « pack famille » {2 adultes & 2 jeunes} / 14 Contacts : info@expo-amazonia.com & 02/549.60.49 . Site web : http://www.expo-amazonia.com.
Pour tous ceux qui apprécient la photographie, le monde et ses habitants, une autre exposition – ouverte jusqu’au lundi 01 septembre – s’impose, à Bruxelles, au N° 5 de la Grand’ Place : « Steve McCurry Icons », nous présentant plus de 100 photographies, réalisées par l’artiste américain Steve McCurry (°Philadelphie/1950), nous dévoilant, notamment, de superbes portraits d’autochtones de l’Inde et de nombreux pays de différents continents.
Notons, aussi, à Liège, l’organisation, au sein de l’espace muséal de la Gare ferroviaire des Guillemins, de l’exposition « National Geographic. A la Découverte des Océans et du Monde sauvage », accessible jusqu’au dimanche 28 septembre.
Yves Calbert.