un médicament sur cinq serait faux ou de mauvaise qualité

La Lutte Contre les Médicaments Falsifiés en Afrique : Urgence et Solutions

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L’Impact des Médicaments de Mauvaise Qualité sur la Santé en Afrique

En Afrique, un problème majeur de santé publique menace la vie de millions de personnes : la prévalence des médicaments de mauvaise qualité ou contrefaits. Une étude récente menée par des chercheurs de l’université de Bahir Dar en Éthiopie, publiée en juillet 2024, a révélé que 22,6 % des médicaments disponibles sur le continent sont soit de qualité inférieure, soit carrément falsifiés. Ce chiffre alarmant met en évidence la fragilité du système de santé dans plusieurs pays africains, où l’accès à des médicaments sûrs et efficaces est crucial pour le traitement de maladies graves telles que le paludisme, le diabète, et l’hypertension.

Les médicaments jouent un rôle essentiel dans la médecine moderne en ciblant des symptômes spécifiques, en éradiquant des agents pathogènes, en corrigeant des déséquilibres chimiques ou en remplaçant des substances que l’organisme ne produit plus. Ils sont indispensables pour prévenir, traiter ou guérir des maladies, et pour améliorer la qualité de vie des patients atteints de maladies chroniques. Cependant, lorsque ces médicaments sont de mauvaise qualité, les conséquences peuvent être dévastatrices, allant de l’inefficacité des traitements à des effets indésirables graves, voire la mort.

Une Problématique Répandue sur le Continent Africain

L’étude éthiopienne, qui a analysé 7 508 échantillons de médicaments à travers 27 études différentes, a découvert que 1 639 de ces échantillons n’ont pas réussi les tests de qualité. Les antibiotiques, en particulier, représentent une proportion significative des médicaments non conformes, avec un taux d’échec élevé, suivi par les antipaludiques et les antihypertenseurs. Les pays les plus touchés incluent le Kenya, où 17 % des médicaments analysés étaient soit falsifiés, soit de qualité inférieure, et le Malawi, avec un taux de 10,7 %.

Le problème ne se limite pas à la simple présence de médicaments de mauvaise qualité. Un tiers des médicaments sur le continent ne sont pas enregistrés, ce qui signifie qu’ils échappent aux réglementations sanitaires et à toute forme de contrôle de qualité officiel. Les chaînes d’approvisionnement pharmaceutiques dans de nombreux pays africains sont souvent complexes, inefficaces et fragmentées. Ces systèmes dépendent fortement d’un nombre limité de fournisseurs pour les médicaments essentiels, ce qui rend difficile la surveillance de la qualité des produits une fois qu’ils sont sur le marché.

L’autorisation réglementaire insuffisante du marché, les zones de libre-échange, une faible inscription des médicaments et des normes d’importation médiocres sont autant de facteurs qui contribuent à la prolifération de ces médicaments de mauvaise qualité. La forte demande pour certains médicaments, combinée à des chaînes d’approvisionnement inefficaces, exacerbe la situation. Les nombreux intermédiaires impliqués dans la distribution des produits pharmaceutiques jouent également un rôle clé en facilitant l’entrée de médicaments falsifiés dans le système de santé.

Les Conséquences Désastreuses sur la Santé Publique

Les conséquences de l’utilisation de médicaments de mauvaise qualité sont extrêmement graves. Claudia Martínez, responsable de la recherche à la Access to Medicine Foundation, souligne que ces médicaments peuvent entraîner l’échec des traitements ou des décès évitables. Par exemple, les antibiotiques de mauvaise qualité peuvent contenir des dosages incorrects ou des ingrédients actifs inappropriés, ce qui non seulement rend le traitement inefficace, mais contribue également au développement de résistances antimicrobiennes. Cela rend les maladies plus difficiles à traiter à long terme, créant un cercle vicieux de traitements inefficaces et de propagation des infections.

En Afrique subsaharienne, où les systèmes de santé sont déjà fragiles, l’impact des médicaments falsifiés ou de mauvaise qualité est particulièrement dévastateur. Des estimations publiées par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime en 2023 suggèrent que ces médicaments pourraient être responsables de jusqu’à 500 000 décès par an. Cette situation est d’autant plus préoccupante dans des pays où l’accès aux soins est limité, et où les patients sont souvent déjà vulnérables en raison de conditions de vie précaires.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà mis en lumière ce problème en 2017, révélant qu’environ un produit médical sur dix dans les pays en développement était de qualité inférieure ou contrefait. L’Afrique représentait alors 42 % des rapports de médicaments falsifiés ou de mauvaise qualité, une proportion alarmante qui témoigne de l’ampleur du problème sur le continent. Le manque de régulation efficace et la présence de nombreux acteurs non régulés dans le secteur pharmaceutique exacerbent la situation, rendant difficile l’application de normes de qualité strictes.

Vers une Réponse Multilatérale et Concertée

Face à ce constat accablant, une réponse concertée et immédiate est nécessaire pour améliorer la qualité des médicaments en Afrique. Claudia Martínez appelle à une action impliquant de multiples acteurs, y compris les gouvernements, les autorités nationales, les régulateurs, et les entreprises pharmaceutiques. Elle souligne l’importance de renforcer les chaînes d’approvisionnement à travers le continent en améliorant les infrastructures, en optimisant la logistique, et en mettant en place de meilleurs systèmes de surveillance.

Les gouvernements africains doivent travailler en étroite collaboration avec les organisations internationales pour renforcer la régulation du marché pharmaceutique et s’assurer que seuls les médicaments conformes aux normes de qualité atteignent les patients. Cela inclut la nécessité de revoir et de renforcer les processus d’enregistrement des médicaments, afin de réduire le nombre de produits non enregistrés circulant sur le marché. En parallèle, des efforts doivent être faits pour sensibiliser les professionnels de la santé et les patients aux risques liés aux médicaments de mauvaise qualité et à l’importance de signaler les cas suspects aux autorités compétentes.

Les entreprises pharmaceutiques ont également un rôle crucial à jouer. Elles doivent non seulement s’assurer que leurs produits répondent aux normes de qualité internationales, mais aussi être transparentes et proactives dans la communication des cas de produits falsifiés ou de mauvaise qualité aux autorités sanitaires. Le renforcement des capacités locales pour tester et surveiller la qualité des médicaments est également essentiel, afin que les pays africains puissent mieux contrôler la qualité des produits pharmaceutiques disponibles sur leur territoire.

Enfin, l’OMS et d’autres organisations internationales peuvent aider en fournissant des ressources et un soutien technique pour améliorer les systèmes de surveillance et de régulation des médicaments en Afrique. Le partage des informations et des bonnes pratiques entre les pays peut également contribuer à une meilleure gestion du problème à l’échelle continentale.

En conclusion, la prévalence des médicaments de mauvaise qualité en Afrique représente une menace sérieuse pour la santé publique, exacerbée par des systèmes de santé déjà vulnérables. Une action coordonnée et multisectorielle est indispensable pour remédier à ce problème, protéger la santé des populations et assurer que tous les patients aient accès à des traitements sûrs et efficaces. Sans une intervention rapide et concertée, les conséquences pour la santé publique en Afrique pourraient être encore plus graves dans les années à venir.

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