L’Appel à la Souplesse : Les Constructeurs Demandent un Report à 2040

Les Constructeurs Demandent un Report à 2040

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L’ACEA, l’association des constructeurs automobiles européens, vient de déposer une requête auprès de l’Union européenne pour reculer l’échéance de sortie du moteur thermique de 2035 à 2040. La raison invoquée est le délai jugé trop court pour passer de 10% de véhicules électriques aujourd’hui à 100% d’ici 2035. Cette demande souligne les défis auxquels le secteur automobile européen est confronté et les implications pour les constructeurs, les consommateurs et l’environnement.

Les Défis du Secteur Automobile Européen

Le secteur automobile européen se trouve dans une situation particulièrement complexe. En effet, il doit faire face à plusieurs défis simultanés. D’une part, il y a la nécessité de passer au tout électrique d’ici 2035, soit dans 11 ans. D’autre part, il doit affronter la concurrence chinoise qui est de plus en plus présente sur le marché européen. Enfin, dès l’an prochain, la réglementation CAFE (Corporate Average Fuel Economy) entrera en vigueur, imposant une moyenne d’émissions de 81 g/km. Ce seuil est considéré comme inatteignable pour certains constructeurs, les exposant ainsi à des amendes potentielles.

Ces difficultés ont poussé Luca de Meo, président de l’ACEA et PDG de Renault, à contacter l’Union européenne pour demander plus de temps. L’organisation plaide pour un recul de l’échéance de sortie des moteurs thermiques en 2035, demandant un report de cinq ans, soit jusqu’en 2040. Cette requête intervient juste après la réélection d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, qui a réaffirmé l’objectif de la voiture zéro carbone pour 2035. Cependant, elle a également laissé entrevoir des assouplissements possibles, notamment l’autorisation des carburants synthétiques neutres en carbone, une demande soutenue par les industriels allemands.

Besoin de Temps Supplémentaire

Interrogé par Les Échos, Luca de Meo a souligné la nécessité de plus de souplesse dans le calendrier. Il a déclaré : « Nous avons besoin d’un peu plus de souplesse dans le calendrier. Basculer en douze ans de 10% de part de marché pour les VE à 100%, c’est vraiment très compliqué. » Il a également suggéré que l’Europe exagère les attentes, compte tenu des investissements colossaux nécessaires pour passer à la voiture électrique et des coûts liés à la mise en conformité avec la réglementation CAFE.

Le règlement CAFE, qui entrera en vigueur l’an prochain, imposera des amendes lourdes à tous les constructeurs dont les véhicules dépassent les 81 g/km d’émissions. Selon les estimations de l’ACEA, ces amendes pourraient atteindre environ 10 milliards d’euros pour l’ensemble du secteur. Cette pression financière s’ajoute à la concurrence chinoise, mettant encore plus à rude épreuve les constructeurs européens.

Le Plug-in Hybride comme Solution?

Pour Luca de Meo, éviter la réglementation CAFE est difficile. Il souligne l’importance de développer les motorisations hybrides rechargeables, car elles sont rapides à mettre en œuvre et efficaces pour réduire les émissions moyennes. Les hybrides rechargeables, dotés de batteries de grande capacité (plus de 20 kWh), peuvent diminuer considérablement la consommation de carburant lors des tests WLTP. Les constructeurs chinois ont déjà saisi cette opportunité, prenant une avance significative sur les constructeurs européens. De Meo a admis que les constructeurs européens sont en retard, déclarant : « Les Chinois ont vu très tôt l’opportunité d’un saut technologique avec les voitures électriques, alors que nous étions encore en train de discuter du Diesel. Ils ont pris une génération d’avance. »

Cependant, De Meo reste optimiste. Il pense que la concurrence chinoise peut stimuler l’industrie européenne. Malgré l’échec de son partenariat avec Volkswagen pour une petite voiture électrique abordable, De Meo croit fermement que Renault a le meilleur projet dans ce segment en Europe, citant la nouvelle Twingo comme exemple. Il affirme également que la capacité des Chinois à collaborer entre constructeurs les rend plus forts, soulignant l’importance de la coopération pour réussir dans cette transition.

Les Implications pour l’Industrie Européenne

Les demandes de l’ACEA pour un report de la sortie du moteur thermique en 2040 mettent en lumière les tensions entre les objectifs environnementaux ambitieux de l’UE et les réalités économiques de l’industrie automobile. Luca de Meo critique également la politique européenne, soulignant que les décisions stratégiques en matière industrielle dépassent les cycles électoraux et doivent être considérées sur une période de dix à quinze ans. Il met en garde contre les changements fréquents de réglementation, affirmant que cela complique la planification à long terme des entreprises.

Le secteur automobile européen doit donc naviguer dans un environnement complexe, où les pressions pour une transition rapide vers les véhicules électriques se heurtent aux défis techniques, financiers et concurrentiels. Le report demandé par l’ACEA pourrait offrir un délai précieux pour que les constructeurs s’adaptent aux nouvelles exigences, développent des technologies hybrides et électriques plus avancées, et renforcent leur compétitivité face à la concurrence internationale.

En conclusion, la demande de l’ACEA pour un report de la sortie du moteur thermique en 2040 reflète les défis considérables auxquels le secteur automobile européen est confronté. Bien que les objectifs environnementaux de l’UE soient clairs, il est crucial de trouver un équilibre qui permette aux constructeurs de s’adapter sans compromettre leur viabilité économique. La coopération, l’innovation et une réglementation flexible seront essentielles pour réussir cette transition vers un avenir plus durable pour l’industrie automobile européenne.