Des trafiquants d’anguilles menacées d’extinction condamnés à la prison

Vendredi 25 juillet 2025, le verdict est tombé lors du procès de 10 membres d’une organisation criminelle qui se livrait à un trafic international de jeunes anguilles européennes, également appelées « civelles ». L’anguille européenne est protégée par la convention CITES sur le commerce des espèces menacées, mais elle est vendue à des prix élevés sur le marché noir. 

Le juge a condamné les 10 trafiquants à des peines de prison comprises entre 24 et 46 mois, avec ou sans sursis. Tous ont également été condamnés à des amendes allant de 4.000 euros à 32.000euros.

 

290 kg interceptés à Zaventem et Anvers

En février 2023, les douanes belges ont intercepté 140 kg de civelles dans des bagages en soute à l’aéroport de Zaventem, soit environ 420.000 individus. Cette découverte a déclenché une enquête plus large, menant à la saisie d’un second lot de 150 kg, contaminé par une maladie, ce qui a nécessité leur euthanasie afin de protéger les populations sauvages. En avril 2023, deux perquisitions à Anvers ont permis l’arrestation de trois personnes et la découverte de ces civelles, conservées dans trois piscines en plastique munies de pompes à oxygène. Une quatrième arrestation a suivi en juin. Au total, 290 kg de civelles ont été interceptées dans le cadre de cette affaire de trafic illégal impliquant des intermédiaires asiatiques et utilisant les aéroports européens comme points d’exportation. 

 

Coopération à tous les niveaux

Les civelles ont été saisies par les douaniers du SPF Finances (Administration générale des douanes et accises) et transférées à INBO (Institut pour la recherche sur la nature et les forêts), qui les a mises temporairement en quarantaine. Des experts et des inspecteurs CITES du SPF Santé publique ont prélevé des échantillons génétiques sur les civelles, qui ont confirmé qu’il s’agissait bien de l’espèce européenne protégée. ANB (l’Agence pour la nature et les forêts), les a ensuite relâchées dans plusieurs cours d’eau, en Flandre.  

 

Des anguilles vendues au prix de la cocaïne 

En Asie, les civelles sont un produit très recherché, considéré comme un mets extrêmement délicat. Sur le marché noir, leur prix peut atteindre des sommes très élevées, de 2.000 et 6.000 euros le kilo (voir même plus) ; ce qui rend ce commerce aussi rentable que celui de la cocaïne.

 

L’anguille européenne, une espèce menacée et protégée 

Conformément aux dispositions de la convention CITES ( https://www.health.belgium.be/nl/dieren-en-planten/cites/cites-belgie-homepage ), l’importation et l’exportation d’anguilles européennes et de produits dérivés sont interdites dans l’Union européenne. Les inspecteurs CITES du SPF Santé publique, en collaboration avec les douanes et l’AFSCA (Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire), veillent au respect de ces règles.

 

En outre, l’espèce est classée comme « en danger critique d’extinction » sur la Liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). (https://www.iucnredlist.org/species/60344/152845178 ) L’anguille européenne est menacée par divers facteurs tels que la surpêche, la disparition de ses habitats et les obstacles à sa migration (par exemple, les écluses). En outre, son cycle de reproduction complexe entrave le renouvellement des populations. 

 

Un cycle de reproduction mystérieux

L’anguille européenne naît dans la mer des Sargasses (au nord de l’océan Atlantique) et entame alors un long voyage vers les fleuves européens. En chemin, elle se transforme en civelle. Une fois adulte, l’animal retourne dans la mer des Sargasses pour pondre ses œufs, puis meurt. La reproduction de l’anguille reste en grande partie un mystère pour la science, car son élevage en captivité n’a jamais réussi. La capture de civelles sauvages est donc très néfaste pour la survie de l’espèce.

 – Source : SPF Santé publique