© « PBA »
Cette exceptionnelle exposition, accessible jusqu’au 17 février, s’articule autour des trente-sept dessins du peintre et architecte italien, de la Haute Renaissance, Raphaël (Raffaello Sanzio/1483-1520), qui, conservés au « Palais des Beaux-Arts », sont arrivés à Lille, en 1834, grâce au legs, à son décès, du peintre lillois, Jean-Baptiste Wicar (1762-1834). Très peu exposés du fait de leur fragilité, chacun de nous a l’occasion, ici, de les observer attentivement, afin de mieux comprendre l’évolution du style et des grands projets de Raphaël.
Notons que le papa de Raphaël était l’un des peintres à la cour du duc d’Urbino. A 11 ans, Raphaël avait déjà perdu ses deux parents, héritant de l’atelier de son père. Développant son art, il s’inspire des grands de son époque, Michel-Ange (1475-1564) et Léonard de Vinci (Leonardo di ser Piero da Vinci/1452-1519), qu’il finira plus tard par côtoyer.
Le parcours de l’expo retrace les grandes étapes de la vie de Raphaël, à travers trois villes italiennes : Pérouse, Florence et Rome. À Pérouse, tout d’abord, Raphaël fit son apprentissage dans l’atelier de Le Pérugin (Pietro di Cristoforo Vannucci/1448-1523), y recevant sa première commande.
Il s’installa ensuite à Florence, où il affina son style, notamment au contact de Léonard de Vinci. Appelé à Rome, en 1508, pour réaliser les fresques des appartements privés du Pape de l’église catholique, de 1503 jusqu’à 1513, Jules II (1443-1513). Y ayant fondé un vaste atelier, afin de pouvoir honorer ses nombreuses commandes, il décéda, au sommet de sa gloire. en 1520, à Rome. Il n’était âgé que de 37 ans.
A Rome, grâce à l’appui du Vatican, Raphaël réalisa de nombreux projets, tels que l’architecture d’une cathédrale, la façade de la basilique San Lorenzo, ainsi que de nombreuses fresques & tapisseries, sa renommée étant devenue considérable.
Des recherches scientifiques menées par le « Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France » permettent d’en connaître davantage sur le processus de création de l’artiste. L’exposition en rend compte et s’articule sous plusieurs formes, avec, notamment, 16 dessins recto-verso autour desquels nous pouvons déambuler.
Étude de tête pour saint Thomas (Raphaël/vers 1502-1503 © « Grand Palais »
Cette exposition nous emmène dans le processus de création de Raphaël, dont le sens délicat de l’harmonie et des proportions attire notre attention. Nombre de croquis nous présentent des visages, des corps, des éléments d’architecture ou encore de textile, l‘expo bénéficiant, également, du prêt de tableaux de la « National Gallery », à Londres.
Notons l’ambiance tamisée, indispensable pour protéger des oeuvres d’une extrême fragilité, certaines étant présentées en recto-verso, Raphaël utilisant souvent les deux faces d’une même feuille.
Tableaux et dessins de Raphaël © « PBA »
En outre, il est à souligner que des analyses ont permis de retracer et de décomposer les différentes étapes de création existant sous certaines peintures exposées, ces analyses ayant été réalisées par l’utilisation de techniques modernes, comme la fluorescence, visible sous ultraviolets – mettant en valeur l’encre des croquis -, ou encore la microscopie optique et la superposition homothétique.
Présentation recto-verso, Raphaël utilisant souvent les 2 faces d’une feuille © Photo : « L’Avenir »
Cordélia Hattori, chargée du cabinet des dessins du « Palais des Beaux-Arts », à Lille, s’est ainsi particulièrement intéressée aux traits gommés à la mie de pain sur certains dessins, ou disparus, avec le temps, et dont on ne peut deviner que les sillons invisibles. Ainsi de ce détail d’un dessin préparatoire à la « Pala Baronci », où Raphaël imagina une figure à la pointe de plomb, puis l’effaça, avant de la reprendre à la pierre noire.
La dernière salle constitue un modèle d’application contemporaine du numérique aux besoins d’une exposition classique, avec la passionnante projection de dessins préparatoires pour les « Chambres du Vatican ». Nous constatons combien ces esquisses insistent sur les proportions des corps et l’harmonie de cet ensemble. Assurément, cette installation immersive, résultat d’un immense travail des chercheurs , se doit d’être admirée.
Avant d’accéder aux salles de l’exposition temporaire, sises au sous-sol, ne manquons pas d’assister, dans le patio du rez-de-chaussée, à une projection à 360° nous offrant un intéressant aperçu de l’oeuvre de Raphaël.
Projection à 360° © « PBA » © Photo : « Radio France-France Bleu Nord »
*** Soulignons l’organisation, au sein de l’auditorium, le mercredi 05 février, de 09h45 à 17h, d’une conférence : « Raphaël, un Dessinateur et Peintre de Génie, à la Renaissance ». Entrée libre, par le 18bis rue de Valmy, mais réservation obligatoire, via pba.lille.fr/agenda. A noter que les interventions en anglais ne bénéficieront pas d’une traduction.
Parmi les orateurs, notons la présence de Juliette Singer, directrice, à Lille, du « Palais des Beaux-Arts » et du « Musée de l’Hospice Comtesse » ; deux conservateurs du « Musée du Louvre », Dominique Cordellier & Vincent Delieuvin ; la conservatrice au « The Metropolitan Museum of Art », à New York , Carmen Bambach ; deux professeurs émerites anglais, Paul Joannides, de l’ « University of Cambridge », & Tom Henry, de l’ « University of Kent » ; une chercheuse au « The Ashmolean Museum », à Oxford, Angelamaria Aceto ; la conservatrice de la « Galleria Nazionale dell’Umbria », à Pérouse, Veruska Picchiarelli, &deux professeures à l’ « Università degli Studi », à Rome, Silvia Ginzburg & Laura Teza.
L’exposition « Expérience Raphaël » a permis de réétudier le fonds de dessins de Raphaël, légué par Jean-Baptiste Wicar et, aujourd’hui, conservé au « Palais des Beaux-Arts ». De nouveaux éléments ont pu être mis en évidence sur Raphaël dessinateur. Cette » Journée d’Etude internationale » a pour intention de partager ces découvertes et de débattre avec des spécialistes de Raphaël, afin d’apporter des précisions sur l’œuvre de ce génie de la Renaissance.
La journée commencera avec la présentation et l’analyse du fonds lillois, se poursuivant, ensuite, de manière chronologique, par les étapes du travail que Raphaël effectua dans les villes de Pérouse, Florence, puis Rome.
*** « Visite Flash » (environ 20′, en possession d’un billet d’entrée à l’exposition, sans supplément de prix), en semaine, à 11h15, 15h30 & 17h, les samedis et dimanches, à 11h, 15h, 16h et 17h, sous la conduite d’une médiatrice ou d’un médiateur, qui nous donnera les clefs de l’exposition.
Si les dessins et les peintures, plus spécialement de la Renaissance, nous intéressent, ne manquons pas de découvrir « Expérience Raphaël », qui termine le cycle d’expositions, dites « augmentées », organisées par le « Palais des Beaux-Arts », faisant suite à la « Forêt magique », en 2022, et « Expérience Goya », en 2021.
Ouverture de l’exposition temporaire : jusqu’au lundi 17 février, le lundi, de 14h à 18h, du mercredi au dimanche, de 10h à 18h. Prix d’entrée de cette exposition : 8€ (5€, en tarif réduit et pour tous, dès 16h30 / 0€, pour les moins de 12 ans). Prix combiné, avec les collections permanentes : 10€ (7€, en tarif réduit). Catalogue disponible. Contacts : 00.33.3/20.06.78.00. Réservations : reservationpba@mairie-lille.fr. Site web : https://pba.lille.fr/.
Yves Calbert.