Le 11 avril 1961 s’ouvre à Jérusalem un procès historique. Dans une cage en verre se trouve un homme en costume, impassible : Adolf Eichmann. Il est l’un des plus grands criminels nazis, accusé d’être l’instigateur de la solution finale. Quinze ans se sont passés depuis la fin de la guerre. Les rescapés de la Shoah ont dans un premier temps tenté de survivre et d’oublier. Certains ont tenté de parler : ils n’ont pas été entendus, pas crus, pas compris ou pire : suspectés.
Pendant 8 mois, sous l’œil des caméras de télévision, les témoins vont se succéder à la barre. Les récits sont à peine supportables. Le monde comprend ce que le nazisme veut dire. Les victimes ne racontent pas seulement les crimes d’un homme. Ils sélectionnent les rouages d’une machine d’extermination à grande échelle, la cruauté la plus absolue.
Le procès Eichmann marque un véritable tournant dans l’émergence de la mémoire du génocide des Juifs, en Israël, en Allemagne et aux États-Unis. C’est le premier grand récit à portée transnationale qui a construit le génocide des Juifs en évènement distinct dans la Seconde Guerre mondiale. Il a été voulu comme tel par ceux qui l’organisèrent à Jérusalem.
Le Premier ministre israélien, Ben Gourion, évoqua à son propose un « Nuremberg du peuple juif ». Il marque aussi l’avènement du témoin. L’histoire est désormais racontée par ceux qui en furent les victimes. La perception du « moment procès » comme tournant fait partie aujourd’hui du savoir commun sur la construction de la mémoire du génocide.
Réalisation : Michaël Prazan – Production : Kuiv Production
Date de diffusion: 22 février 2025 à 20:30 sur La Trois RTBF