Restauration : Une boussole nocturne à Schaerbeek entre Bruxelles et la Bretagne
Le soir tombe sur la rue Josse Impens et les bougies s’allument. Intime, exigeant sans chichis, Nocturlabe – porté par les frères Benoît et Anthony Bodivit – installe à Bruxelles une bistronomie de saison qui préfère la justesse à la démonstration et la chaleur de l’accueil à la grandiloquence. On y vient pour un menu en mouvement, une lecture claire de la saison et une hospitalité au plus près. Dans la pénombre bleutée de la salle, on devine un bar qui murmure Bretagne, une terrasse qui s’ouvrira aux beaux jours et un jardin d’aromates qui souffle des idées à la cuisine.
Une boussole nocturne entre Bruxelles et la Bretagne
Le nocturlabe est l’instrument ancien qui permettait aux marins de se repérer la nuit grâce aux étoiles. Chez Nocturlabe, l’image n’est pas un gimmick mais une boussole : orientation, mesure, précision et poésie. L’adresse s’ouvre dans un bleu profond, la lumière reste contenue, la musique accompagne sans prendre le dessus. Seize couverts en salle pour rester au plus près, un salon privatisable de huit places pour ceux qui cherchent la confidentialité, un jardin d’aromates à l’arrière qui prolonge la cuisine et, en saison, une grande terrasse qui ouvre la maison vers l’extérieur. Le décor mêle récup’ et fait-main, avec un clin d’œil à Jules Verne et à la mer sans pastiche. Une playlist Nocturlabe signe discrètement l’identité sonore.
La cuisine, lisible et de saison
Breton d’origine, passé par l’Australie, le Canada et des maisons bruxelloises exigeantes (Comme Chez Soi, Villa Lorraine) avant un premier poste de chef à la Winery (Boitsfort), Benoît Bodivit signe une bistronomie contemporaine, épurée et créative. Son affinité avec l’univers marin affleure parfois, mais Nocturlabe n’est pas un « focus mer » : l’assiette reste équilibrée, portée par les arrivages et une saisonnalité prioritairement belge.
Parures et épluchures sont valorisées en bouillons, huiles, poudres ou pickles ; les produits sont travaillés de la racine à la tige, tandis que le jardin d’aromates alimente les assiettes et les infusions
Ici, la cuisine fonctionne en zéro déchet autant que possible : parures et épluchures sont valorisées en bouillons, huiles, poudres ou pickles ; les produits sont travaillés de la racine à la tige, tandis que le jardin d’aromates alimente les assiettes et les infusions. Rien ne se perd : tout est pensé pour exploiter le produit au maximum, sans compromis sur la gourmandise.
Le format se concentre sur un menu en cinq services, évolutif toutes les quatre à cinq semaines, également disponible en version végétarienne. Des intitulés volontairement ouverts laissent travailler l’imaginaire. La cuisine garde un lien simple avec la salle : l’équipe vient parfois présenter une assiette, préciser une cuisson ou une herbe du jardin. L’esprit est accessible, précis, attentif au goût plus qu’à l’effet.
Vins vivants et ancrage local
La carte des vins, pilotée au quotidien par Nahida en salle, privilégie les domaines en bio, biodynamie ou agriculture raisonnée. C’est une sélection vivante, qui s’ajuste au fil des menus, avec une prédominance française, quelques échappées autrichiennes et une vraie place pour les vins belges, bulles comprises. L’inspiration côté boissons a été pensée avec la complicité d’Anthony Bodivit – ex-ingénieur en cybersécurité chez Microsoft reconverti à l’hospitalité – déjà aux commandes de l’Astrolabe, le resto-bar familial à Concarneau, en écho à l’univers de Nocturlabe.
Avec son atmosphère feutrée, sa cuisine intuitive et une cave qui parle juste, Nocturlabe trouve d’emblée sa place à Schaerbeek. Une adresse du soir qui donne envie de revenir, comme on suit une étoile familière.
« Nocturlabe », Rue Josse Impens 3, 1030 Schaerbeek.
Ouvert le soir, du lundi au samedi. Fermé le dimanche.
www.instagram.com/nocturlabe.bx/
