Selon Sciensano, la Flandre favorise trop la publicité pour la nourriture malsaine et l’alcool

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Une étude de Sciensano en Flandre, financée par le Departement Zorg, fait apparaître que les publicités en rue

pour les produits alimentaires dans les environs des écoles et des écoles supérieures/universités mettent les aliments ultra-transformés en avant dans 1 cas sur 3. De plus, 1 publicité sur 3 fait la promotion de l’alcool. Autour des arrêts de transports en commun et dans les bâtiments publics, leur part commune se monte même à 80% ou plus. On retrouve une situation similaire dans les aliments exposés dans les bâtiments publics : ici aussi ce sont principalement les produits ultra-transformés et l’alcool qui sont mis en exergue. Les clubs de sport n’échappent pas non plus à cette tendance. Une plus grande attention pour la réduction de la publicité pour la nourriture malsaine et une offre plus saine semblent donc s’imposer pour rendre plus sains les environnements alimentaires en Flandre.

Ce que nous mangeons ne repose pas uniquement sur nos choix personnels mais est aussi fortement influencé par notre milieu de vie. Le contexte qui détermine nos choix alimentaires est appelé environnement alimentaire.


Des études de Sciensano avaient déjà indiqué que le choix d’une nourriture malsaine est bien souvent rendu plus facile que le choix d’une alternative saine. Nous avons ainsi notamment exposé le lien entre les environnements alimentaires malsains autour des écoles et le statut pondéral des enfants et nous avons constaté que la Flandre compte de plus en plus de régions qui connaissent une surabondance en alimentation mauvaise pour la santé. Nous avons également constaté que l’alimentation ultra-transformée est meilleure marché que l’alimentation saine et que les engagements et pratiques des plus grandes entreprises agroalimentaires en Belgique pour un environnement alimentaire plus sain ne sont pas suffisants.

L’étude récente de Sciensano relative à la publicité pour les aliments dans les espaces publics en Flandre vient y ajouter un nouveau volet.

Les environnements scolaires sont inondés de publicités pour l’alcool et les aliments ultra-transformés

De toutes les publicités en rue autour des écoles, un tiers concerne des aliments ultra-transformés et un autre tiers l’alcool. Dans un rayon de 250 mètres à pied de l’entrée des écoles primaires, nous avons comptabilisé une moyenne de 7 publicités pour des produits ultra-transformés et 8 pour de l’alcool. Dans les environs des écoles secondaires, le nombre total de publicités était plus élevé qu’autour des écoles primaires et nous y avons trouvé une moyenne de 10 publicités pour de la nourriture ultra-transformée et 9 pour des produits alcoolisés. Pour les campus de l’enseignement supérieur, ce nombre n’a fait qu’augmenter et nous y avons comptabilisé deux fois plus de publicités qu’autour des écoles primaires : 16 pour des aliments ultra-transformés et autant pour l’alcool.

Dans les zones urbaines à faible revenu, nous avons trouvé plus de publicités pour des produits ultra-transformés et l’alcool que dans les environs de tous les types d’écoles. En soi, la part relative de publicités pour une nourriture mauvaise pour la santé entre les zones urbaines à revenu faible, moyen et élevé est à peine différente, mais en nombre totaux, les zones urbaines à faible revenu comptent en général plus de publicités que les zones urbaines à revenu élevé. Nous avons ainsi constaté que 88% des écoles primaires situées dans une zone urbaine à revenu faible comptent plus de 10 publicités en rue pour de la nourriture dans un rayon de 250 m à pied de l’école. Pour les écoles primaires en zone urbaine à revenu élevé, cette part n’était que de 20%.

Transports en commun et bâtiments publics

Une analyse des publicités publiques dans et autour des transports en commun et dans les bâtiments publics  donne une image similaire : une prédominance de publicité pour des produits ultra-transformés et l’alcool. La moitié des publicités ou du marketing pour la nourriture dans les gares de chemin de fer concernait l’alimentation ultra-transformée et 26% l’alcool. Aux arrêts d’autobus, ces chiffres étaient de 61 et 19%.

La publicité alimentaire dans les hôpitaux, les bâtiments publics et les campus des écoles supérieures et des universités promeut aussi principalement les aliments malsains. La part de la publicité pour l’alcool dans ce contexte varie entre 0 et 24% et est donc relativement limitée dans ces environnements mais si on l’ajoute à la publicité pour les aliments ultra-transformés (61-76%), on obtient vite 80% ou plus de la publicité alimentaire.

Nous constatons de plus que cette prédominance ne concerne pas uniquement la publicité mais également les aliments exposés qui peuvent être achetés à ces endroits (>75%).

Centres et clubs de sport: de la publicité malsaine dans un environnement sain

Nous constatons la même tendance si nous analysons la publicité dans les centres, halls et clubs de sport et dans les piscines. Les publicités pour les produits ultra-transformés varient de 33 à 49% de la publicité alimentaire et se situent entre 44% et 57% pour l’alcool, ce qui représente 4 publicités alimentaires sur 5. Même constat pour les produits alimentaires exposés: ici aussi, il s’agit dans 3 cas sur 4 d’aliments contenant de l’alcool ou d’un aliment ultra-transformé.

En ce qui concerne les clubs sportifs, on constate également un lien avec le sponsoring nécessaire à leur fonctionnement. Il apparaît ainsi que la moitié des clubs examinés (clubs de football, de tennis ou de gymnastique) ont pour sponsor une entreprise liée à l’alimentation, aux boissons, à l’alcool ou aux jeux de hasard, et le site web de 69% des clubs de football mentionnait un sponsor issu du secteur alimentaire ou des boissons alors que ce chiffre était de 57% pour les clubs de tennis et de 11% pour les clubs de gymnastique.

Néanmoins, 32% des clubs interrogés mettent en avant une alimentation saine dans le contexte du club, principalement en la plaçant à des endroits visibles.

« Malheureusement, nous constatons clairement dans notre étude que la publicité pour et l’offre en produits alimentaires dans différents bâtiments publics en Flandre est en grande partie dominée par des produits mauvais pour la santé et par l’alcool, » déclare Stefanie Vandevijvere, chercheuse chez Sciensano. « La publicité est une partie importante de notre environnement alimentaire et elle constitue un levier qui peut être utilisé pour aider à transformer les habitudes alimentaires de la population en alternatives saines. Le rôle de la publicité alimentaire dans la politique de santé mérite donc certainement l’attention nécessaire. »

Récemment, le Conseil supérieur de la santé a encore recommandé aux gouvernements d’interdire via une réglementation la publicité pour une alimentation malsaine s’adressant aux enfants jusqu’à 18 ans inclus.