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Véhicules anciens : pourquoi la Belgique ne suit pas l’Europe

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L’Union européenne a rejeté la proposition de la Commission visant à imposer un contrôle technique annuel pour les véhicules de plus de dix ans. Une décision qui contraste fortement avec la Belgique, où les voitures anciennes restent étroitement surveillées. Cette divergence révèle le dilemme entre sécurité routière et coûts pour les automobilistes à l’échelle européenne.

Bruxelles recule, la Belgique maintient le cap

Les ministres des Transports des 27 États membres ont choisi de ne pas adopter l’annualité des contrôles techniques. Actuellement, le contrôle obligatoire tous les deux ans reste la norme. Dans plusieurs pays, comme la France et l’Allemagne, ce contrôle s’applique dès la quatrième année d’immatriculation.

La Commission européenne défendait pourtant l’idée que des inspections annuelles renforceraient la sécurité et limiteraient les émissions polluantes. Selon elle, chaque accident causé par une défaillance mécanique coûte bien plus cher qu’un contrôle technique préventif. Mais les ministres ont préféré ménager le portefeuille des automobilistes, invoquant la préservation du pouvoir d’achat.

Pourtant, cette vision fait débat : économiser quelques dizaines d’euros sur un contrôle peut coûter des milliers en cas d’accident grave, sans compter les vies humaines perdues.

Belgique : la sécurité avant tout

En Belgique, la situation est différente. Les véhicules de dix ans et plus doivent passer un contrôle technique chaque année, en Flandre comme en Wallonie. Pour les voitures plus récentes, un régime plus souple a été adopté :

  • Flandre : contrôle tous les deux ans pour les véhicules de moins de 8 ans et moins de 160.000 km.

  • Wallonie : mêmes conditions d’âge, mais le seuil kilométrique est fixé à 110.000 km.

Cette approche graduée permet de concilier souplesse pour les voitures récentes et vigilance pour les véhicules anciens. Malgré les défis logistiques rencontrés par certains centres de contrôle, notamment au nord du pays, le suivi rapproché des véhicules plus âgés reste une priorité.

Les coûts cachés des véhicules mal entretenus

Les opposants au contrôle annuel mettent en avant le coût pour les automobilistes, qui peut sembler légitime dans un contexte économique tendu. Mais ce raisonnement ignore les coûts indirects liés à des véhicules défectueux :

  • Accidents entraînant des frais médicaux et des indemnisations

  • Pression sur les assurances

  • Impact sur la collectivité et les services de secours

L’Union européenne rappelle que 19.800 personnes ont perdu la vie sur les routes européennes l’an dernier, loin de l’objectif zéro mort en 2050. Un véhicule mal entretenu n’engage pas seulement son propriétaire, il représente un risque pour tous les usagers.

Une réforme européenne encore provisoire

Le refus des ministres européens n’est pas définitif. Le Parlement européen doit encore se prononcer. En cas de désaccord, un compromis devra être trouvé sur la fréquence des contrôles.

Mais la réforme du contrôle technique ne se limite pas à la cadence des inspections :

  • Nouvelles méthodes de contrôle des émissions : meilleure détection des oxydes d’azote et particules fines

  • Lutte contre la fraude aux compteurs kilométriques (Car-Pass) : un point crucial pour la Belgique, où la majorité des fraudes concerne des véhicules importés

Ces mesures permettent de renforcer la sécurité et la transparence sur le marché automobile, tout en protégeant les consommateurs.

Sécurité ou économie : le choix européen

La décision européenne met en lumière une question centrale : faut-il privilégier la sécurité ou le coût pour les automobilistes ? Les ministres ont choisi de ménager le portefeuille, mais certains experts soulignent que cette approche pourrait coûter bien plus cher à long terme.

La Belgique, en maintenant le contrôle annuel pour les véhicules anciens, fait le choix inverse : prévenir plutôt que réparer. Pour les conducteurs, cela signifie un suivi rigoureux, mais pour tous les usagers, des routes plus sûres.

La Belgique comme modèle

En maintenant l’annualité pour les véhicules de dix ans et plus, la Belgique démontre qu’un suivi rapproché des voitures anciennes est possible et bénéfique. Les conducteurs peuvent s’attendre à des inspections régulières, garantissant une meilleure sécurité et limitant les risques liés aux défaillances mécaniques.

Dans un contexte où l’Europe hésite, la Belgique affiche clairement sa priorité : la sécurité n’a pas de prix.

Vers un compromis futur ?

L’avenir européen reste incertain. Si le Parlement adopte une position différente de celle du Conseil, des négociations seront nécessaires pour définir la fréquence idéale des contrôles.
La question du coût pour les automobilistes restera centrale, mais la sécurité et la protection de l’environnement continueront à peser lourd dans la balance.

Conclusion

L’Europe a choisi de ménager les automobilistes, mais au prix d’une vigilance moindre sur les véhicules anciens. La Belgique, elle, reste fidèle à sa philosophie : prévenir les accidents plutôt que gérer les conséquences. Entre compromis et pragmatisme, le contrôle technique continuera à susciter débats et discussions, tant au niveau national qu’européen.