Au “Delta”, à Namur, jusqu’au 30 Novembre : “Vivian Maier. Saisir la Vie partout”

Plus que deux semaines pour découvrir une exposition récoltant un immense succès, « Vivian Maier. Saisir la Vie partout », présentée au « Delta », à Namur.

« Autoportrait » (Vivian Maier) © « Estate of Vivian Maier »

« L’histoire de Vivian Maier (1926-2009) est pour le moins singulière : celle d’une gouvernante, ayant traversé sa vie dans le silence avant d’être révélée, à son insu, comme l’une des plus grandes figures de la photographie du XXe siècle. Son œuvre est un vaste continent qui, en 2007, a émergé à la surface du visible, lorsqu’un jeune écrivain, John Maloof, achète par un insolite concours de circonstance un premier lot de photographies à l’occasion d’une vente aux enchères, dans la banlieue de Chicago », écrivent les deux commissaires Tessa Demichel & Anne Morin.

Photo de Vivian Maier © « Estate of Vivian Maier »

C’est grâce au texte de la nécrologie de Vivian Maier, publié, le 23 avril 2009, dans le « Chicago Tribune« , par les frères Gensburg, qu’elle éleva, de 1956 à 1972, ces derniers s’étant occupés de leur ancienne « nounou », durant les dernières années de sa vie, que l’attention de John Maloof  (°Chicago/1981) fut attirée par ces mots : « … Cet esprit libre … Toujours prête à donner un conseil, un avis ou à tendre une main secourable, ayant magiquement ­touché la vie de tous ceux qui l’ont connue … Critique de film et photographe extraordinaire … », qui lui donna l’envie de se rendre à cette vente aux enchères du contenu d’un garage abandonné, ayant la surprise d’acquérir ainsi – outre des centaines d’anciens journaux, des cassettes audios, des vêtements et divers objets – un coffre contenant près de 150.000 négatifs, certaines pellicules n’étant pas développées, ainsi que quelques films Super 8 & 16 m/m, le tout réalisé par cette inconnue qu’était Vivian Maier.

Née à New York, au sein d’une famille modeste, & décédée, à 83 ans, dans l’anonymat le plus total, dans une maison de retraite de Chicago, Vivian Maier, gouvernante d’enfants, dès 1951, d’abord à New York, puis, jusque dans les années 1990, à Chicago, s’étant intéressée à la photographie, en parfaite autodidacte, fit l’achat, à 24 ans, d’un « Roleiflex », un appareil qui se pose sur le ventre,  permettant de prendre discrètement des photographies, photographiant tout ce qu’elle voyait et tous ceux qu’elle croisait, d’abord dans les rues de Chicago, puis à New York & dans d’autres villes américaines, ainsi qu’en France, pays d’origine de sa maman, et, à l’occasion d’un congé de six mois, en 1959, tout au long d’un voyage solitaire autour du monde, cette dernière aventure – cours de laquelle elle captura plus de 5.000 clichés – témoignant de son courage et de son indépendance.

Photo de Vivian Maier © « Estate of Vivian Maier »

Ayant capturé des instants de la vie quotidienne avec une poésie extraordinaire, adepte du  noir et blanc, n’ayant touché à la couleur que dans les années 1970, Vivian Maier n’avait pas légendé ses photos. C’est John Maloof, qui, grâce aux archives de cette brillante photographe,  put dater & situer la plupart des clichés, développant des pellicules, dévoilant ainsi au monde d’authentiques trésors photographiques & le talent artistique colossal de cette artiste, faisant de Vivian Maier – qui ne gagna jamais un seul dollar de la réalisation de ses photos – l’une des plus grandes photographes du 20e siècle, rejoignant ainsi la renommée des Diane Arbus (1923-1971), Henri Cartier-Bresson (1908-2004), Robert Doisneau (1912-1994), Robert Frank (1924-2019), Helen Levitt (1913-2009) ou encore Garry Winogrand (1928-1984).

Photo de Vivian Mayer © « Estate of Vivian Maier » 

Dans ses enregistrements audio, retrouvés par John Maloof, Vivian Mayer apparaît en femme efficace, enthousiaste, informée, dotée d’un grand sens de l’humour, s’étant également occupée  d’un mineur handicapé & de personnes âgées, n’ayant abandonné sa passion, … la photographie, qu’en 1999, en raison de son état de santé.

« New York » (Vivian Maier/1954) © « Estate of Vivian Maier » 

De fait, si sa vie sembla sereine et stable, n’ayant jamais évoqué certains problèmes, liés à son enfance (père violent, mère instable & frère schizophrène), qui refirent surface, provoquant ses  troubles pathologiques, d’accumulation compulsive (centaines de journaux, d’objets divers, …), qui s’aggravèrent, au point de devenir ingérables.

Sans titre, (Vivian Maier/1978) © « Estate of Vivian Maier »

Au sein de l’intéressante exposition présentée au « Delta », outre six autoportraits des plus originaux, nous découvrons d’excellents portraits, en gros plan, de gens modestes – vivant, comme elle, en marge du rêve américain –, des paysages urbains, des photos d’enfants, de marins,  de personnes âgées, …, croisés en rues, ainsi qu’un court métrage documentaire  d’une dizaine de minutes et, sur un second écran, des extraits de films réalisés, dès la fin des années 1960, en Super 8 m/m.

« Autoportrait » (Vivian Maier/New York/1953) © « Estate of Vivian Maier »

Dans le cadre d’ « Art Dimanche », soulignons l’organisation, le dimanche 23 novembre, à 10h30, d’une visite guidée (1h30′) de cette superbe exposition, en compagnie de Jean-Marc Bodson, photographe, professeur et critique d’art pour le quotidien « La Libre ». A 16 h, projection gratuite du très intéressant film documentaire « A la Recherche de Vivian Maier » (« Finding Vivian      Maier »/John Maloof & Charlie Siskel/Etats-Unis/2013). Réservations obligatoires :  https://www.ledelta.be/evenements/art-dimanche-visite-guidee-de-lexposition-vivian-maier-saisir-la-vie-partout/.

 « A la Recherche de Vivian Maier » (John Maloof & Charlie Siskel)

Critiques de la presse, pour « A la Recherche de Vivian Maier » :

• pour « Le Figaro » : « Un chef d’oeuvre inconnu, une révélation ».
• pour « Télérama : « Une légende qui passionne ».

Ouverture : jusqu’au dimanche 30 novembre, du mardi au vendredi, de 11h à 18h, le samedi & le dimanche, de 10h à 18h. Prix d’entrée : 5€. Catalogue : 40€. Livre de poche : 14€50.  Contacts : 081/77.67.73 & info@ledelta.be. Site web : https://www.ledelta.be.

Outre l’espace muséal permanent du « Delta », deux autres expositions temporaires nous sont proposées :

• « Les Trésors minuscules », jusqu’au dimanche 04 janvier 2026 ;
• « Mehdi-Georges Lahlou. A l’ombre des Palmiers, Conversation botanique », jusqu’au dimanche 25 janvier 2026.

Dans l’esprit du travail de Vivian Maier, nous recommandons la visite de :

• « Robert Doisneau », à « La Boverie », à Liège, jusqu’au samedi 19 avril 2026.
• « Histoires en séries. Collection Astrid Ullens de Schooten Whettnall », au « Musée de la Photographie », à Mont-sur-Marchienne, jusqu’au dimanche 25 janvier 2026.

Yves Calbert.